La souffrance sans jouissance ou le martyre de l'amour: Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face
D. VassePsicologia - reviewer : Hubert Thomas
Quand il prête ainsi son oreille de psychanalyste à la voix qui parle dans les textes de Thérèse, qu'est-ce qu'il entend? «Je suis frappé de la dimension transcendante du désir qui traverse de part en part cette vie ou ces écrits.» C'est à suivre et à cerner cette dimension que l'A. se consacre. Non sous forme d'une thèse à démontrer en vue de convaincre par des arguments, car D.V. laisse essentiellement parler les textes.
Comme l'A., le lecteur ici ne peut suivre qu'en écoutant à son tour et il est comme mis en présence d'une force flamboyante. Paradoxe en effet d'une parole qui avance dans des mots très simples, qui sinue dans la proximité de la ténèbre, se détache des lacets de la névrose, pour dire, presqu'à son insu, l'essentiel incandescent de l'amour purifié du retour sur soi. Thérèse nous mène bien en ce centre: la vérité de l'amour. Vérité qui ne se mesure pas à la jouissance que l'on peut en avoir, qui n'est pas garantie ni prouvée selon les sens du monde. Alors quoi? «Ne pas chercher ou demander de preuve autre à l'amour que celle d'en vivre. Ou, plus simplement encore, de vivre.» Ce feu qui rend le coeur pur est sans jouissance si on veut mesurer l'amour de Dieu à la dimension du ressenti de la jouissance charnelle et sa souffrance est aussi bien sans jouissance, celle du «déplaisir extrême d'en être séparé». - H. Thomas, O.S.B.