Émergeant au sein d'une culture hellénistico-romaine, le
christianisme a pris la langue des penseurs grecs, jusqu'au jour où
il rencontra les philosophes de l'Islam traduits en latin, qui lui
firent retrouver des racines oubliées. On sait l'influence des
Avicenne, Avicebron ou Averroès sur les théologiens médiévaux
Albert le Grand et Thomas d'Aquin. Mais connaît-on bien l'histoire
de cette influence? L'A. de ce précieux petit livre, naguère
directeur d'études à la section des Sciences religieuses à l'École
pratique des hautes études, nous y introduit avec compétence et
clarté, nous rendant accessibles des noms et un vocabulaire
étrangers aux occidentaux endurcis que nous sommes. Passant
successivement en revue les théologiens et les philosophes arabes,
ainsi que les traductions de leurs oeuvres, il nous trace un
panorama étonnant de l'avicennisme du XIIe siècle, puis chez Thomas
d'Aquin et Duns Scot, avant de traiter du «cas singulier»
d'Averroès nourri d'Aristote opérant un passage vers la doctrine de
la connaissance de Dieu chez Jean de Ripa, familier de l'A. Nous le
remercions de nous introduire dans cet univers «des rapports
ambigus des théologiens chrétiens séduits et critiques à la fois
devant ces « infidèles » si savants et si géniaux». Un
livre destiné aux théologiens et aux historiens de l'Église, mais
aussi aux lecteurs cultivés. - J. Radermakers, S.J.