La théologie française au seuil du XXIème siècle. Situations et enjeux, préf. J.-F. Chiron

Henri Bourgeois
Teologia - reviewer : David Roure
Théologien lyonnais décédé fin 2001 à 67 ans, prêtre diocésain, Henri Bourgeois est bien connu pour avoir défriché de nouveaux champs théologiques, en particulier celui de la théologie pratique, de l'oecuménisme, de l'épistémologie de la théologie, de l'accueil des catéchumènes et recommençants. C'est tout cela qui apparaît dans ce petit livre resté inachevé et qui fut découvert dans ses papiers personnels après sa mort. Il reste aujourd'hui très actuel, même si sa toute première phrase peut sembler un constat un peu abrupt: «autant le dire sans ergoter: la théologie aujourd'hui ne se porte pas très bien» (p. 21)…
Tout au long de cet ouvrage posthume, on sent ce qu'a été un de ses grands efforts, à savoir celui de désenclaver la discipline théologique, celle-ci devant à ses yeux sortir du seul petit cercle des théologiens de métier, souvent encore des clercs et fonctionnant trop en vase clos dans notre pays aujourd'hui; elle doit aussi dialoguer avec les autres sciences (philosophie, histoire, sociologie, etc.), les autres religions; la théologie française devrait aussi s'ouvrir davantage sur celle qui se fait à l'étranger, notre A. regrettant à juste titre que, «globalement, le volume des traductions théologiques va en diminuant en France» (p. 125). C'est la dernière partie de l'ouvrage (en gros, un tiers de l'ensemble) qui nous a semblé la plus intéressante, où l'A. détaille avec compétence et précision les grandes lignes de la théologie, autant catholique que protestante et orthodoxe, en France aujourd'hui. Pour ce qui est du catholicisme, où l'on aurait sans doute aimé qu'il développât davantage, il distingue, comme le relève dans sa préface élogieuse le p. Jean-François Chiron qui lui succéda comme doyen de la Faculté de théologie de Lyon, quatre types: théologies officielle, assimilatrice, exploratrice (mot qu'il préfère à «critique») et circonstancielle ou occasionnelle. Dans son approche assez critique des toutes dernières évolutions (même si elles datent maintenant d'au moins une douzaine d'années!), il déplore avec force, entre autres, une réflexion ecclésiologique à son goût bien trop timorée, peu imaginative et déconnectée des réalités vécues dans le peuple chrétien (p. 146-148) et une propension à «minimiser les différences» et relativiser le débat pour honorer à tout prix un «désir légitime d'unité» qui lui paraît néanmoins excessif et même dangereux pour l'avenir (p. 115). - D. Roure

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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