Il existe un versant de la mystique souvent ignoré par les hommes,
que la femme en tant que femme est à même de gravir: «la nature
dans tous les ordres, dans toutes les notions, conduit à Dieu…»
affirmait Madame Swetchine, au XIXe siècle, qui pense que «c'est là
un panthéisme orthodoxe et pieux» (p. 99-100). Tel est l'argument
principal de ce petit ouvrage. Les auteurs, qui travaillent depuis
longtemps à l'élaboration d'une mystique chrétienne de l'écologie,
présentent un florilège des figures d'une spiritualité proprement
féminine centrée sur l'oeuvre de Dieu dans la création. De manière
chronologique, le lecteur découvre alors les témoins (le mot doit
être mis ici au féminin!) de cette exploration, des «Mères du
désert» jusqu'aux figures familières de la spiritualité du XXe
siècle, comme Thérèse de Lisieux, Marie Noël ou Édith Stein, en
passant par les béguines et l'antijanséniste Princesse Palatine. En
tout, plus de trente femmes, connues ou inconnues, qui nous
rappellent «ce qu'offre en somme de plus spirituel le charnel le
plus évident» (p. 122), où la compassion prend naturellement place
à côté de la louange et devient intercession, comme l'exprime ce
sonnet du XVIe siècle: «L'arbre sec et fâcheux… Maintenant pouvons
le toucher: Il fleurit et verdoie: Voici nouvelle joie» (Marguerite
de Navarre, citée p. 555-56). Un tel livre mérite d'être lu par
tous les accompagnateurs sprituels de tant de saintes femmes qui
désirent trouver un chemin de liberté dans une prière qui respecte
ce qu'elles sont en vérité. - A.Ms