H. Fesquet, décédé en 2011, fit paraître dans le Monde,
dont il fut chroniqueur religieux de 1950 à 1983, des chroniques
presque quotidiennes de ce qui se passa durant les quatre sessions
de Vatican II. Réunies une première fois en 1966, elles sont ici
réimprimées à l'occasion du cinquantième anniversaire de
l'ouverture du Concile. À l'instar de journaux de plusieurs
participants (Congar, Lubac, etc.), ces chroniques étaient des
échos des débats conciliaires, bien évidemment rédigées sous une
forme différemment élaborée, l'A. recueillant notamment les
«confidences» de certains évêques français qui en profitaient pour
faire passer leurs conceptions. Point n'est besoin de s'étendre
longuement pour dire combien un tel ensemble de témoignages à chaud
mérite d'être pris en considération à divers titres. Il suffit de
se rapporter à la table des matières pour en être convaincu. On
peut en effet se rendre compte de la marche du Concile comme telle
- même si tout n'y est pas dit - et percevoir ce que les
contemporains (du moins certains d'entre eux qui avaient accès au
journal) en apprirent au fur et à mesure de l'avancée des travaux.
En d'autres termes, on se trouve transporté dans un univers sans
aucun doute bien différent du nôtre, même si Vatican II demeure un
point majeur de référence dans la vie actuelle de l'Église, univers
qui fut sans conteste marqué par un réel enthousiasme suscité par
la dynamique conciliaire.
Un demi-siècle plus tard, on ne peut que se réjouir de cette
réimpression. D'autant que, vu le grand nombre d'études que notre
époque consacre à l'étude du Concile, de son histoire et de son
interprétation, on se prend à souhaiter que les historiens
comparent ces chroniques avec toute espèce d'autres sources, dont
les journaux évoqués plus haut, et même des études déjà réalisées
afin de mieux mettre en évidence dans quelle mesure ces papiers
journalistiques répercutaient avec justesse les débats conciliaires
et en même temps formaient l'opinion des lecteurs d'alors.
Si la table des matières, très détaillée, forme en quelque sorte
une table analytique et, dès lors, permet à l'utilisateur de
repérer les thèmes qu'il préférerait examiner, on regrette
toutefois que cette réimpression n'ait pas été munie d'un index
onomastique. Il ne faut jamais oublier que, pour beaucoup de nos
contemporains, Vatican II est de l'histoire ancienne et qu'une
«source» (en l'occurrence d'une ampleur réelle) mérite toujours
d'être livrée avec un minimum d'instruments auxiliaires si l'on
veut qu'elle soit utilisée de manière optimale. - B. Joassart sj