Dans la ligne des Pères latins s'efforçant de définir les règles de
l'allégorie, c'est une herméneutique biblique qu'engage T., laïc
donatiste de la deuxième moitié du IVe siècle, chassé de la secte
en raison de son universalisme ecclésiologique. Le but de ses 7
règles est d'ouvrir les «secrets de la loi» pour parcourir
«l'immense forêt de la prophétie» (Préamb.). Leur structure est
celle d'un chandelier, dont le centre stratégique est la règle IV,
«de l'espèce et du genre»: dans la species est considérée
l'individualité ou la contingence biblique à reconnaître comme
telle (on est proche du sens historico-littéral), mais qui peut
cacher aussi un genus, englobant toute sorte de sens spirituel. La
règle I, «du Seigneur et de son corps», se complète par la règle
VII, «du Diable et de son corps»; les règles II, «du corps
bipartite du Seigneur», et VI, «de la récapitulation», traitent de
la présence des bons et des méchants dans le temps de l'Église; la
règle III, «des promesses et de la loi», renvoie à la règle V, «des
temps». T. n'use pas des catégories habituelles de l'exégèse latine
pour définir le sens typologique d'un texte. Il s'agit moins de
déceler les différents sens d'un même passage que de découvrir à
qui s'adresse (convenit, terme récurrent) et qui vise la magna
brevitas de l'Écriture voulue par l'Esprit Saint. Les critères sont
ceux du bon sens (ratio), de l'autorité apostolique, de
l'arithmologie, des tropes de la synecdoque et de la
récapitulation, de la typologie fondée sur l'espèce et le genre.
Toutes ces clefs mettent en valeur une ecclésiologie qui n'accentue
pas l'opposition entre les deux Testaments, ni ne se focalise sur
le mystère pascal, mais laisse ouvert l'espace interprétatif à
chaque lecteur amené à se convertir dans le corps bipartite du
Seigneur.
Après la traduction annotée du de Doctrina christiana (1997), il
fallait bien celle des Règles de T. qui «ne sont pas d'un mince
secours pour pénétrer les secrets des paroles divines» (S.
Augustin, Doctr. chr., III, 30, 42). On n'est donc plus dispensé de
faire sa propre lecture de ce texte difficile, édité par Burkitt en
1894, que la traduction élégante, l'introduction fouillée et les
notes abondantes rendent tout à fait accessible à l'étudiant
patrologue comme à l'exégète. - A. Massie sj