Le pain qui nous fait vivre, tr. M. Guisse
Chr. SchönbornTeologia - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.
La deuxième partie (V à VII) nous enseigne sur la notion de «sacrifice». Cette terminologie, désuète ou en contradiction avec certaines sensibilités modernes, appartient à l'essence du «mystère pascal». Le sacrifice est ce qui établit «l'homme en communion avec Dieu». Et le sacrifice eucharistique est mémorial du «sacrifice du Christ», de l'acte et du don singulier qu'il a fait de lui-même pour la multitude. Citant et commentant tour à tour l'Écriture, Augustin, Thomas d'Aquin, les textes liturgiques actuels, le Cardinal fait entrer le lecteur dans une compréhension simple de questions complexes. Cette «manière de faire» lui permet de rendre compte avec bonheur des «insistances orientales et occidentales» sur l'acte consécratoire (VI) et sur la présence du Christ dans l'Eucharistie (VII).
Une dernière partie (VIII et IX) affronte le thème de la communion. Comment s'y préparer sinon par le développement de la liturgie elle-même et au creuset de la vérité du geste de paix? Quels fruits spirituels en recevoir sinon celui d'être immergé en Lui en Le laissant entrer en nous? Pourquoi certains ne peuvent pas «partager la table eucharistique»? La grâce nécessaire du baptême et, le plus souvent, les «nouvelles larmes» de la réconciliation sacramentelle sont des étapes, mais elles s'inscrivent dans l'histoire sainte de la communauté, dans le souci fraternel de chacun, dans la parole du «bon berger» qui accueille les divorcés remariés et parle en toute franchise. Questions importantes et douloureuses, abordées avec courage et lucidité, et ouvertes à l'espérance d'une solution vraie.
Le dernier chapitre (X) aborde les questions oecuméniques et montre avec clarté les éléments à discerner dans le dialogue fraternel: si l'objectif reste bien l'intercommunion, celle-ci doit rester le fruit de l'unité de la foi et non pas l'instrument pour l'obtenir. Dans ce domaine, amour et vérité se rencontrent également pour que la démarche oecuménique ne prenne pas le pas sur l'accueil du Christ tel qu'il se donne en son corps et son sang. L'économie sacramentelle est un des biens les plus précieux des chrétiens: elle n'est pas un absolu.
Il n'est pas trop tard pour lire ce livre, même après l'année sur l'eucharistie (2004-2005), après un synode et une exhortation apostolique sur ce thème, car le style et les questions posées restent celles de toujours et de tout chrétien qui désire entrer avec plus de coeur dans le «mystère» sans se laisser décontenancer par les débats théologiques mais en étant éclairés par ceux-ci. - A. Mattheeuws sj