Le Paraclet dans le corpus johannique

D. Pastorelli
Sacra Scrittura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Encore une étude johannique d'excellente facture, oeuvre d'un jeune chercheur français actuellement intégré à l'équipe du CNRS: une thèse de doctorat dirigée par M. Morgen et J. Schlosser et présentée à l'Univ. de Strasbourg II eb déc. 2003, superbement éditée par de Gruyter. Le travail est mené avec grand soin et précision. Une brève introduction nous en dit le propos: cerner l'identité et la fonction du «Paraclet» dont parle Jésus dans le discours après la Cène du 4e évangile (chap. 14 à 16).
Un 1er chap. dessine un état de la recherche - de R. Bultmann à R.E. Browm - concernant les cinq sentences johanniques sur le Paraclet. Il relève le rapport intime entre l'Esprit saint et Jésus, objet de sa thèse. Son étude se base sur un examen sémantique approfondi du terme paraklêtos dans la littérature antique: il s'agit d'un envoyé muni d'un mandat. Les traductions grecques de l'Écriture, Philon et Josèphe sont aussi prospectés, ainsi que les premiers écrits chrétiens, les Pères de l'Église, la littérature rabbinique; l'A. note l'idée de consolation et d'intercession que ce terme évoque. Avec le chap. 3 commence l'examen des textes johanniques: 1 Jn 2,1-2 sur l'expiation des péchés par Jésus, Paraclet auprès du Père, puis Jn 16,7-11 avec l'activité de jugement exercée par l'Esprit saint sur le monde. Le chap. 5 examine comment l'Esprit communique la vérité (Jn 16,12-15): parler, annoncer, glorifier le Fils. Trois autres chapitres décrivent comment le Paraclet témoigne à travers les disciples (Jn 15,26-27), pourquoi il est appelé «l'Esprit de (la?) vérité», avec son immanence spécifique (Jn 14,16-17), et qui il est en tant que mémoire des enseignements de Jésus (Jn 14,15.26). Il eût été intéressant de se demander pourquoi l'Esprit saint n'est pas nommé au chap.17, alors qu'il sous-tend la prière de Jésus.
La conclusion de l'étude reprend le chemin parcouru, et l'A. note deux degrés de lexicalisation (intercession vs. expiation) de l'évangile à la première épître, avec une fonction révélatrice de témoignage immanente auprès des disciples, soulignant ainsi «la continuité entre la situation pré-pascale et la situation post-pascale, en regard aussi bien des disciples que du monde» (p. 298), ce qui est précisément l'objet de la «prière sacerdotale». Bref, une étude incontournable: les théologiens soucieux de pneumatologie et les exégètes de Jean sauront gré à l'A. d'avoir prospecté le terrain avec tant de finesse et d'intelligence de la lettre. - J. Radermakers sj.

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