Ce livre constitue le premier de deux tomes consacrés à «l'Histoire
de l'Église» dans son rapport aux pauvres et à la pauvreté. Après
un parcours dans l'Ancien Testament, puis une réflexion sur la
pratique de Jésus, vu comme n'émargeant pas lui-même à la catégorie
des pauvres (p. 42), mais prenant parti pour eux, l'ouvrage
s'arrête successivement sur les Pères de l'Église, les grands
témoins de la pauvreté (XIe-XVIIIe siècles) et le pauvre exploité
ou la naissance de la classe ouvrière (XIXe et début du XXe
siècles). Un deuxième tome devrait se concentrer sur «Pauvreté et
exclusion» et couvrir l'époque contemporaine. Si l'on peut
regretter l'absence de réflexion systématique sur les différents
sens du mot pauvreté, ainsi qu'un certain manque de mise en
perspective ou de rigueur dans l'interprétation des textes cités,
aboutissant parfois à des lectures accomodatrices ou même à des
contresens, on ne peut que se réjouir en revanche du nombre de
témoins précieux qui sont ici livrés à l'étude d'un vaste public.
L'intérêt principal de ce travail est historique. Il révèle la
richesse de pratiques et de réflexions que l'engagement des
chrétiens auprès des pauvres n'a cessé de susciter, même si la
conclusion de l'ouvrage, comme en retrait de ce large panorama,
laisse entendre que les Églises, sauf exception individuelle, se
seraient sans doute plutôt situées globalement du côté des riches
(p. 206). Le titre prometteur ne fait pas l'objet d'une véritable
analyse: il est vrai qu'en dépit de la place quasi sacramentelle
donnée au pauvre par certains écrivains chrétiens, l'expression de
«huitième sacrement » n'apparaît pas sous leur plume. Serait-ce
parce que, dans la figure du Christ, ils inhèrent à tout le
septénaire? - A. Begasse de Daehm