Ce thème récurrent est toujours délicat à aborder. De manière
pédagogique, l'A. se met à l'écoute du monde (i) pour relater le
débat en France autour du célibat. L'A. met en évidence que la
thématique, parfois biaisée, est fortement présente dans les
médias. Elle nous livre ensuite une brève enquête de terrain
qu'elle analyse. Elle nous montre toutes les positions paradoxales
et les incohérences pratiques et rationnelles concernant
particulièrement «l'obligation» du célibat, son surgissement dans
l'histoire de l'Église et ses diverses significations. Une enquête
aux quatre coins du monde complète ce panorama qui est plus
descriptif que statistique. Cette partie est éclairante et utile:
elle rejoint la plupart des questions pastorales que l'on entend,
pour le meilleur et pour le pire, depuis quelques années. Tout
lecteur pourrait déjà y trouver de quoi élargir son champ
d'interrogations.La seconde partie nous offre un panorama des
positions du Magistère (ii): un bref historique et une approche
théologique. On verra combien la théologie s'est attachée récemment
à développer les racines profondes du célibat sacerdotal:
configuration au Christ, mystère de nuptialité. Les thèmes suivants
sont intéressants: incarnation et célibat, noces de la croix,
célibat et paternité. Tout lecteur de bonne volonté découvrira que
ce sujet n'est pas purement disciplinaire ni «tabou», mais qu'il
recèle un «mystère» dont la lumière reste à mettre encore
humblement «sur un lampadaire» (Mt 5,15).La troisième partie (iii:
Que penser de tout cela?) nous indique les vrais lieux
d'approfondissements et de réflexion dans les dialogues sur cette
thématique. Les antagonismes sont bien marqués dans le rapport
entre «Église» et «monde»: ils se disent dans les notions de
liberté, de sexualité, d'adaptation. La contestation est prise en
compte: il nous faut la comprendre. Elle est douloureuse dans
l'Église et elle s'enracine dans un manque réel d'information et de
formation. C'est à un chemin de réconciliation que nous convie l'A.
en balisant les manières d'aborder la question de manière «juste».
Ses pages sur «les bonnes questions à poser» sont judicieuses. Son
dernier chapitre évoque largement des ouvertures en essayant de les
situer dans les «signes des temps» et un «appel à revenir à
l'essentiel», c'est-à-dire au Christ. L'enjeu pressenti à de
multiples reprises est la compréhension en profondeur du sacrement
de l'ordre. - A. Mattheeuws sj