De grands théologiens et de grands témoins se réunissent pour répondre à l’appel du pape et ouvrir des pistes accessibles à tous. Oui, il est possible de prendre en compte la parole des pauvres dans l’Église ! Cette écoute des plus pauvres renouvelle notre esprit missionnaire. Mais l’Église d’aujourd’hui apparaît affaiblie et fragile et souvent incapable simplement d’entendre les voix des plus pauvres. C’est pour elle le moment de redécouvrir leur fragilité (et la sienne) et de se mettre vraiment à leur service. Rien de plus difficile. Car elle se doit de devenir autant apprenante qu’enseignante (p. 177). Elle doit accepter de saisir les situations de vulnérabilité extrême, de marginalité difficile, de perte de dignité. Aussi doit-elle apprendre l’écoute, entendre les cris suppliants des plus petits, leurs émotions, leurs réflexions. La fragilité des plus pauvres, souvent très résilients, est donc aussi leur force. L’Église doit donc suivre un itinéraire de transformation progressif, sortir de l’assimilation de la paroisse par exemple avec l’assemblée dominicale, mais la redécouvrir « communauté de communautés ». Le synode en cours comme celui récent sur l’Amazonie ouvrent la voie à condition de considérer enfin que, comme le dialogue (selon l’expression de Paul vi dans Ecclesiam suam), la synodalité, source de créativité « n’est pas une option » !

Outre des articles de fond, des témoignages aussi précieux et lumineux les uns que les autres, le livre se présente, de manière originale comme une invitation et donc comme une « boîte à outils pastorale » (d’où les encadrés à la fin de chaque chapitre). L’Église est un diamant qui, selon l’expression du pape François, se présente comme un polyèdre (Evangelii gaudium 235-236). D’où la nécessaire réinterprétation des « notes » de l’Église (p. 93s.) : « sainte » si elle accepte enfin d’entrer dans un processus de conversion, « apostolique », non pas seulement si elle se revendique de la succession hiérarchique, mais aussi si elle valorise la transmission existentielle entre ses membres, « catholique » si elle se comprend « selon le tout », et « une », si elle se vit comme communion d’Églises et de communautés.

Une bibliographie et un résumé de l’essentiel complètent ce livre nécessaire et engageant. — M.-J. Coutagne

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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