L'A. nous entretient, de manière passionnante et à travers une riche information, sur les différents aspects que prend aux yeux des Juifs ce livre unique, foisonnant, exigeant, parfois dur ou énigmatique, que nous appelons la Bible. En cinq chapitres, et dans un style alerte, il nous prodigue d'indispensables informations mais, surtout, il nous introduit à l'intérieur d'un peuple, d'une culture, d'une pensée religieuse. Un 1er chap. s'interroge sur l'unité paradoxale de ce livre singulier et pluriel traduit en de multiples langues et dialectes et passant de la parole prophétique au magistère du texte écrit. Le chap. 2 considère la Bible comme objet mais aussi comme la compagne personnelle du Juif, de sa naissance à sa mort, émiettée dans la liturgie de la synagogue. Le chap. 3 montre comment la Bible a construit l'identité juive au cours des siècles, compte tenu du rapport spécifique des Juifs au Livre, différent des chrétiens et musulmans. Le chap. 4 nous apprend à «lire la Bible au risque de l'hérésie» avec les enfants, les femmes, le peuple, les savants, au milieu de la «mer immense» des commentaires. Enfin le chap. 5 présente en des pages lyriques et même émouvantes «la Bible des modernes» avec son humiliation par la critique exacerbée, son chemin de rédemption de l'ère postcritique et son devenir comme «livre du Père» de l'âge politique. L'épilogue est mis sous le signe de l'héritage, à partir de la dédicace du livre offert par Jacob Freud à son fils Sigmund. L'A. termine sur l'espérance que la femme, représentée par la Tradition vivante, sauvera la Bible de l'oubli. Suivent près de cinquante pages de notes, un précieux glossaire des mots importants et une bibliographie extrêmement utile.
Ce volume est un trésor d'une éminente richesse culturelle. Il est tellement important que nous comprenions ce que signifie la Bible pour le Juif et que nous nous interrogions nous-mêmes sur ce que nous en faisons. Tout bibliste, étudiant ou professeur, devrait lire et relire ces pages magnifiques.- J. Radermakers sj