Les vitraux du midi de la France. Région Occitanie. Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur

(dir.) Michel Hérold
Arte e letteratura - reviewer : André Haquin

Le Corpus vitrearum est une entreprise internationale qui implique une quinzaine de pays, européens en majorité, mais aussi le Canada et les USA. Ceux qui ont le plus grand capital artistique en matière de vitraux sont sans doute la France, l’Allemagne, l’Autriche et la Grande-Bretagne. Chacun de ces pays répertorie les vitraux anciens et contemporains existant sur son territoire, tant dans le secteur public (églises, châteaux, musées) que privé (maisons) et en présente l’histoire et le catalogue scientifique. La France publie trois séries d’ouvrages concernant les vitraux : « Monographies », « Études » et « Recensement des vitraux anciens de la France ». Cette dernière série est maintenant complète, le présent volume étant le xie. Il concerne la vaste région de l’Occitanie, c.-à-d. le Languedoc-Roussillon (Aude, Gard, Hérault, Lozère et Pyrénées-Orientales) et la région Midi-Pyrénées (Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn, Tarn-et-Garonne). Chacune de ces deux régions fait l’objet d’une longue introduction de type socio-historique et artistique qui permet de mieux comprendre à la fois les possibilités matérielles et la créativité de la région et aussi ses tragédies et les destructions au cours des temps. Ces volumes mis ainsi à la disposition de la communauté scientifique internationale permettent de conserver la mémoire d’un « patrimoine fragile » – les vitraux sont des œuvres d’art habitées/habillées de lumière – et d’offrir un instrument de recherche sur la base de conventions internationales précises.

L’examen de ce xie volume de la série française « Recensement des vitraux anciens de la France » témoigne d’une richesse artistique plus grande pour l’Occitanie que pour la région Midi-Pyrénées dont le nombre de photos pour chacune est le signe (1-264 contre 264-365). Les lieux-phares de l’Occitanie sont en premier la cathédrale d’Auch, mais aussi les cathédrales de Béziers, Carcassonne, Narbonne, Albi, Rodez, Saint-Bertrand-de Comminges et la ville de Toulouse. La région du Gard, de Lozère et des Hautes-Pyrénées conserve le moins d’œuvres remarquables. Ce type de répartition s’explique notamment en raison de facteurs historiques : les ressources naturelles, le conflit contre les Cathares (après 1208) et surtout les Guerres de religion (xvie s.) et l’iconoclasme des Huguenots. Il faut aussi tenir compte des modes : le xviiie siècle (« Siècle des Lumières ») a préféré les vitreries blanches aux vitraux de pleine couleur, afin de faire entrer la lumière naturelle dans les sanctuaires. Le xixe siècle connaît un renouveau, notamment grâce aux ateliers de verrerie de Toulouse et de Clermont-Ferrand, et les deux derniers siècles se font remarquer par l’installation d’œuvres contemporaines, celles p. ex. d’Olivier Redon à l’abbaye de Fontfroide, tandis que les dernières années montrent une plus grande audace dans l’accueil d’œuvres contemporaines soit non figuratives soit géométriques, ainsi les vitraux de Pierre Soulages à Sainte-Foy de Conques et à Rodez.

Pour la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, les facteurs historiques qui ont appauvri le capital artistique en matière de vitraux sont principalement l’action des Huguenots, la Révolution française (Carpentras, Avignon, Aix), ainsi que divers abandons et destructions. Le xxe siècle a droit à une attention particulière ; c’est le « vitrail en son meilleur temps » : vitrail traditionnel, béton translucide, vitrail civil. La période 1950-1980 a connu un remarquable renouveau avec Matisse (principalement à la chapelle du Rosaire à Saint-Paul-de-Vence et à la fondation Maeght) et Manessier, mais aussi Vasarely. Même la prison des Baumettes de Marseille a eu droit à un « vitrail éphémère ».

Les volumes du Corpus vitrearum ont tout pour séduire : la qualité des textes d’introduction et des commentaires, les reproductions en couleur, le format et la graphie. Le catalogue de chacune des deux parties présente les régions dans l’ordre alphabétique. Chaque lieu découvre ses monuments selon le même principe. L’analyse est minutieuse. Dans les grands édifices, chaque baie est présentée à son tour. Les plans des cathédrales sont également présentés. L’étude de chaque édifice se clôture par la bibliographie des sources manuscrites et imprimées. Plusieurs index facilitent la consultation de l’ouvrage. Cette « aventure des hauteurs » qu’est l’étude des vitraux conduit le lecteur à travers de nombreux départements. Précieux pour les historiens d’art, ces riches volumes favoriseront le « voyage intérieur » pour les simples amateurs et pourront utilement préparer des visites sur place. On peut féliciter les équipes des chercheurs et celles des imprimeurs et éditeurs. « C’est de la belle ouvrage » ! — A. Haquin

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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