Life after Death. A History of the Afterlife in the Religious of the West.
A. F. SegalReligioni - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Une quinzaine de copieux chapitres abordent successivement: l'Égypte antique; la Mésopotamie et le monde de Canaan; la période du premier Temple en Israël; les représentations du monde iranien - notamment l'ascension céleste -, dans la mesure où elles éclairent certains textes bibliques; les conceptions et les pratiques de la Grèce et, plus sommairement, de Rome; le judaïsme à l'époque du second Temple; les courants apocalyptiques et millénaristes, notamment à Qumrân; l'interprétation religieuse d'états de conscience tels que songes, visions, pratiques de type chamanique, ascensions célestes…; les littératures «sectaires» contemporaines du NT; les écrits pauliniens; les évangiles; la littérature pseudépigraphe juive et chrétienne ainsi que les sursauts du paganisme; les Pères de l'Église, surtout aux 2e et 3e s., et leurs débats avec les hérétiques; le développement de la pensée rabbinique; l'islam des premières générations.
Tout au long de cette exploration, l'A. se montre attentif aux influences que les diverses civilisations et religions exercent les unes sur les autres, de sorte que le lecteur ne se trouve pas en présence de la simple juxtaposition d'une quinzaine de monographies, mais d'un récit suivi, d'une véritable histoire. Un des fils conducteurs, notamment à propos du christianisme, est la rencontre parfois laborieuse entre la foi biblique en la résurrection des corps et les conceptions philosophiques touchant l'immortalité de l'âme. Par ailleurs, le mouvement qui s'est réclamé de Jésus, puis la formation du christianisme sont interprétés surtout dans un registre apocalyptique et millénariste, bien que l'A. reconnaisse, de Paul aux Synoptiques et de Jean à l'Évangile de Thomas, des courants distincts et parfois divergents.
Appuyé sur une bibliographie abondante (783-831), faisant écho, dans les notes, aux débats en cours entre spécialistes, pourvu enfin d'un index assez détaillé (833-866), ce gros ouvrage est cependant rédigé dans un style fluide et sans technicité excessive, ce qui devrait lui permettre de rejoindre un assez large public cultivé. Dans un épilogue, l'a. rejoint notre actualité de violences inspirées par des motivations religieuses (terrorisme, attentats-suicide, martyre…): il s'interroge alors sur les enjeux de lectures «libérales» ou «fondamentalistes» des eschatologies juive, chrétienne et islamique. - J. Scheuer sj