L'oeuvre d'un maître, à propos de celle que la tradition croyante
semble avoir célébrée comme aux antipodes de la sobriété du NT. Une
synthèse exhaustive aussi, qui entrelace l'Écriture, la première
patristique, les traditions primitives, «à la traverse de
l'Écriture nouvelle, comme une autre manière d'en exprimer la
christologie». La 1e partie étudie toutes les données du NT; la 2e
confronte la pensée de Paul et des siens à celle des Églises plus
ou moins judaïsantes (proches de Jacques); la 3e offre avec Luc les
assises d'une mariologie qui s'imposera bientôt; la dernière
(exceptionnelle) relève la conviction sensiblement différente des
milieux johanniques sur le rôle de Marie (22-23). L'arc de ces
pages magnifiquement écrites part ainsi du nom et de l'âge de
Marie, des vêtements et des parures d'époque, des rites
matrimoniaux et de la vie domestique dans un petit bourg de
Galilée, où les femmes avaient si peu de place - en creusant toute
la documentation néotestamentaire finement analysée, de sorte que
le coeur de Marie paraisse déchiré dès la prophétie de Syméon (p.
265) par les divisions des communautés primitives -, à sa migration
des «frères de Jésus» vers les milieuxjohanniques, et à la discrète
évocation de sa disparition de l'histoire dans le chap. 12 de l'Ap.
(p. 360). Le dernier chap. montre encore, s'il en était besoin,
comment cette lecture diachronique ouvre «l'immense livre narrant
la réception de la mère de Jésus au cours des âges», sans rien
négliger du langage de la foi (la virginité de Marie fait à elle
seule l'objet d'un chap. fulgurant). Ainsi, «regarder Marie avec
les yeux de son fils», c'est la voir avec le regard multicolore des
croyants de tous les âges, et c'est aussi la rendre enfin visible
au nôtre. - N. Hausman scm