Jésus nous parle à travers ce roman de Gilbert Sinoué, dont nous connaissons le talent de romancier et de biographe par ses oeuvres pleines d'imprévus et de rebondissements comme Avicenne ou la route d'Ispahan (Denoël 1989), Le livre du Saphir (Denoël 1996) ou Le bateau pour l'enfer (Calmann-Lévy 2005). Il excelle en effet à nous donner l'illusion du réel et il se meut souvent, comme ici, entre histoire et roman, parfaitement documenté sur la période historique où il campe l'action. Il le montre dans ce livre qui suppose une connaissance approfondie des évangiles, qu'il cite abondamment.
En fait, ce roman présente une version originale de la fin de «l'histoire» terrestre de Jésus. Celui-ci n'est pas mort en croix: le coup de lance ne l'a pas achevé mais délivré de l'étouffement. Sauvé in extremis par Joseph et Nicodème, membres du sanhédrin, il fut séquestré dans une maison tenue secrète, sous la garde d'une servante qui le paiera de sa vie. Là, il écrit ses mémoires avant de disparaître mystérieusement. Sur une liasse de papyrus, il raconte son histoire, celle de ses parents et de sa famille, sa vie professionnelle, puis son parcours de rabbin avec ses disciples et les femmes. Il nous fait part de ses appréhensions, de ses problèmes de conscience, de ses angoisses: a-t-il bien discerné, a-t-il rempli sa mission devant le Père éternel? Pendant ce temps, Anne et Caïphe, puis Hérode et Pilate d'un côté, les femmes et ses disciples de l'autre, dialoguent à propos des événements… L'ensemble se passe entre la crucifixion et la disparition définitive de Jésus.
L'A. entend donner une version plausible, sinon vraisemblable, de la résurrection de Jésus. Celui-ci n'est évidemment qu'un homme, pourvu cependant de dons mystérieux au bénéfice d'autrui et pour lui-même. Ainsi l'A. prend-il distance par rapport aux évangiles, car son interprétation n'est pas croyante, se situant sur le seul plan humain. D'ailleurs, il prolonge son roman par quelques annexes où il «justifie» ses désaccords par rapport à l'évangile, qu'il interprète à sa manière. Un livre impressionnant, avec des passages troublants, émouvants parfois, sur le seuil du mystère. L'A. se garde de le franchir, laissant cette option à son lecteur… - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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