Mystère et ministères de la femme, préf. J. Duchesne

Louis Bouyer
Teologia - reviewer : Marie-Jeanne Coutagne

On ne peut que se réjouir de (re)découvrir l’œuvre de grands théologiens du xxe s. Il faut donc remercier les éditions Ad Solem et Jean Duchesne (préfacier ici et exécuteur littéraire) de nous permetttre d’avoir de nouveau accès à certains textes du p. Louis Bouyer (1912-2004). Tel est bien le cas du petit livre Mystère et ministères de la femme, rédigé en 1976 alors que l’A. passait de nombreux mois chaque année aux USA. Sa connaissance du mouvement Women’s lib qui réclamait (déjà à l’époque) « l’indifférence à la différence des sexes » lui permet d’entamer un dialogue décapant et exigeant avec les arguments avancés dans le cadre de cette problématique ô combien contemporaine.

Tout en affirmant avec force l’égalité des sexes, L. Bouyer entend éclairer ce qu’il nomme le « mystère » de la femme à la seule lumière de la vie trinitaire et de l’économie du Salut que ce mystère exprime, résume et symbolise. C’est bien par la femme et en la femme que l’humanité s’achève (p. 71) : voilà qui dessine anthropologiquement pour la femme une vocation proprement religieuse, à la différence de l’homme (vir) qui doit le devenir et plus encore le rester ! D’où l’inévitable complémentarité des sexes comme St Augustin l’avait pressenti lors du récit de l’extase d’Ostie, et comme aussi de grands fondateurs d’ordres l’ont expérimenté (p. 74s).

Le livre approfondit les défis auxquels cette affirmation nous confronte en des développements très denses qu’il faut suivre pas à pas. Les conséquences philosophiques de certains points mis en lumière mériteraient d’être aujourd’hui repris à nouveaux frais, en particulier le lien évoqué entre femme et empathie ou entre la femme et ce que Bouyer nomme une certaine « sympathie cosmique » (p. 85). Si la griffe anti-teilhardienne (p. 71) dénote une lecture un peu trop biaisée du jésuite, en revanche les pages concernant les références aux Pères de l’Église sont particulièrement éclairantes.

Les pages consacrées aux ministères féminins avancent des propositions souvent originales : celles relatives aux vierges consacrées ne convainquent pas absolument, en revanche, les interprétations (égalitaires) du diaconat féminin autant que masculin, au-delà de tout cléricalisme, sont particulièrement précieuses pour les débats d’aujourd’hui. Voilà pourquoi il importe de remonter sans cesse à la source théologique de la problématique de l’accès des femmes au sacerdoce pour pouvoir commencer à y répondre à bon escient. Un livre important et singulièrement actuel. — M.-J. Coutagne

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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