Permanence d’Israël et silence de la théologie. Une question pour les Églises

(dir.) Thérèse-Martine Andrevon
Religioni - reviewer : Didier Luciani

Même si cela n’apparaît que furtivement et presqu’à la fin (p. 130), ce livre est le produit d’une recherche menée en 2019 à l’Institut Catholique de Paris, par un laboratoire de recherche de l’ISEO (Institut Supérieur d’Études Œcuméniques) sur la permanence d’Israël et la diversité confessionnelle. Autrement dit, la question principale à laquelle il cherche à répondre est la suivante : comment l’existence d’Israël interroge-t-elle les différentes Églises et, en conséquence, faut-il établir un lien entre la façon dont chacune des confessions chrétiennes vit son dialogue avec le judaïsme et la difficile et patiente recherche de leur unité ? Le dossier est abordé sous quatre angles différents. En ecclésiologue, Luc Forestier revisite la notion de « peuple de Dieu » comme ressource possible – même si délicate à manier – pour l’avancée du dialogue œcuménique (chap. 1, p. 25-48). Anne-Marie Reijnen, quant à elle, vagabonde dans l’histoire protestante (Calvin, Alexandre Vinet, Friedrich-Wilhelm Marquardt, Karl Barth, Robert Jenson) en prenant toutefois comme fil rouge la question de savoir ce qui nous sauve : la Torah ou le Messie ? (chap. 2, p. 49-77). Pablo Arteaga sollicite la pneumatologie – et tout spécialement celle d’Yves Congar – comme catégorie pouvant aider à penser la permanence du peuple juif tout autant qu’à favoriser la communion des Églises (chap. 3, p. 79-104). Thérèse Andrevon, enfin, pose la redoutable question de la missio ad judeos et de son corollaire inéluctable, l’affirmation de l’universalité du salut en Jésus-Christ (chap. 4, p. 105-128). Un chapitre d’ « Ouvertures » (p. 129-140), dû au pasteur Alain Massini (lauréat du prix de l’AJCF en 2011), permet de prolonger la réflexion avec quelques questions, la principale étant – me semble-t-il – celle de savoir si ce genre de recherches théologiques ne court pas toujours le risque d’instrumentaliser et d’essentialiser Israël. Pour ma part – et quel que soit l’intérêt des propos tenus – je préciserai encore cette question de la façon suivante : si chacune des quatre contributions montre bien la diversité des positionnements confessionnels (et à l’intérieur même de chaque confession), n’est-il pas quelque peu illusoire et même fallacieux – pour la vérité de ce dialogue – de faire comme si Israël (le peuple juif, le judaïsme) était un interlocuteur monolithique et en tout cas moins divisé que ne l’est le christianisme ? — D. Luciani

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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