La philosophie s'est vue appelée à prendre sa part dans cette recherche, à ne plus se contenter d'analyser la seule perception ou de se cantonner aux seuls concepts. Certes l'image forme une catégorie étonnante puisqu'elle se situe entre le concret et l'abstrait, le réel et la pensée, le sensible et l'intelligible. Représentation essentiellement médiane et médiatrice, l'image peut tout autant participer à la connaissance de la réalité qu'à sa déréalisation. Le temps est donc loin où l'image se trouvait reniée et dévalorisée dans une suspicion générale. L'A., comme son abondante bibliographie, manifeste quel champ immense s'ouvre désormais à la réflexion philosophique. Il en fournit lui-même un exemple, aussi riche que stimulant, donnant à penser en un domaine qu'il a choisi aussi ouvert que possible. Il s'est attelé à la tâche de déterminer la nature et les fonctions de l'image, ses multiples significations et valeurs tout en soumettant à une analyse critique les diverses théories déjà proposées. Il ne cède pourtant pas à la tentation encyclopédique.
Trois questions le retiennent principalement. Dans un premier moment, il étudie les préalables indispensables, relatifs à la typologie des images et à la méthodologie de leur approche. En un deuxième moment, il met en lumière la mimésis, rapport de l'image à son modèle, et l'ontologie de l'image, où métaphysiciens et théologiens ont réfléchi à son être profond. Enfin, dans un troisième moment, il cherche à rendre compte des valeurs et des fonctions différentes attribuées aux images, du point de vue de la connaissance comme du point de vue de l'action. Ainsi l'intelligence de l'image apparaît dans toutes ses dimensions ouvrant de nouvelles questions et appelant à de nouvelles recherches. L'image, prise dans son extension la plus large, loin de n'être que l'éventuelle illustration de la philosophie qui procède par concepts, permet, comme elle et parfois mieux qu'elle, de retrouver les interrogations vives de la métaphysique. L'image constitue en effet une matière première inépuisable pour le questionnement sur les principes et les fins. À une philosophie de l'image se substitue donc peu à peu une réflexion sur la place de l'image en philosophie. - H. Jacobs, S.J.