Philosophie et théologie chez Maurice Blondel

R. Virgoulay
Filosofía - reviewer : Hubert Jacobs
Éminent spécialiste de M. Blondel, l'A. s'attache à l'examen de la question qui fut centrale pour le philosophe. Dans L'Action de 1893, celui-ci s'interrogeait sur les rapports entre la philosophie et le christianisme. Dans la Lettre, il écrivait: «On n'a plus le droit de partir secrètement de sa foi pour feindre d'y aboutir», et on n'a pas «le pouvoir de mettre discrètement ses croyances à l'écart de sa propre pensée». Mais c'est plus proprement le problème des relations de la philosophie et de la théologie qui retient R. Virgoulay. Blondel se voulait philosophe, non pas théologien. Toutefois, sa pensée fut influencée par la théologie et elle aboutit, par ailleurs, à des considérations théologiques comme à propos de la notion du surnaturel ou dans ses interventions au coeur des débats modernistes. Deux questions expriment la recherche de l'A.: ces relations de la théologie et de la philosophie, comment Blondel les a-t-il mises en oeuvre? Comment les a-t-il conçues? Pour y trouver une réponse, l'A. examine les textes blondéliens les plus significatifs en tenant compte de l'évolution de la pensée du philosophe.
La première partie de l'ouvrage se concentre sur la relation philosophie-christianisme, la deuxième sur philosophie-théologie. La troisième met en lumière la fécondité théologique de la philosophie blondélienne. Sur la question philosophie-christianisme, on connaît la position complexe de Blondel pour qui la philosophie doit reconnaître son incomplétude, et l'exigence qui la porte à creuser un vide, non seulement pour ses découvertes ultérieures dans son propre domaine, mais aussi pour des apports dont elle ne peut être l'origine réelle. Sur les rapports philosophie-théologie, Blondel tenait une «dialectique aléatoire» impliquant d'un côté une philosophie ouverte et, de l'autre, une conception de la foi chrétienne comme excès d'intelligibilité.
À ce propos, R. Virgoulay émet le regret que le philosophe d'Aix n'ait accordé qu'une attention insuffisante au statut épistémologique de la théologie. Signalons la richesse documentaire de la troisième partie de l'ouvrage où l'influence multiple de Blondel est bien évoquée, notamment chez les jésuites. En conclusion, l'A. a le mérite de rappeler que si l'apport blondélien a été d'une importance considérable, il ne clôture ni la recherche ni la réflexion: les interrogations demeurent et le concours de la raison reste indispensable. - H. Jacobs, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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