Cette édition propose des articles de fond: conscience morale et vie spirituelle selon Isaïe, influence du Christ chez les Romantiques - leurs intuitions fulgurantes, leur flou et leurs gaucheries. Vocation d'Israël et de l'Église selon la fougue de L. Bloy rectifiée par Maritain et Journet, le salut par les Juifs et des Juifs, le mystère d'Israël et le jaillissement des sources. Des exemples concrets, ensuite: admirable étude de la spiritualité de Foucauld; analyse remarquable de Ravel (de l'indicible à la grâce); la synesthésie comme principe architectural. Pour l'église, lieu de contemplation, convient une lumière tamisée; pour l'église, réunion du peuple de Dieu, s'impose une lumière éclatante. La musique sacrée de Jacques Casterède. L'initiation à la liturgie par le fr. André Gouzes: entendre les mystères et écouter l'Esprit.
Un enseignement d'A. Gouzes, ensuite: préférence pour une musique grégorienne paisible, dépouillée, qui respectera mieux le mystère et la rencontre sacramentelle, en nous invitant à mieux dépasser la crise pour accéder à ce qui nous transcende et nous grandit. Ne pas chercher la nouveauté pour elle-même, mais l'essentiel qui, dans une humble disponibilité, travaille le coeur de tout homme. Au lieu de se laisser entraîner par des modes superficielles, viser le permanent, l'universel, l'harmonisation par le haut, sans embrigadement catégorial. Souci de création personnelle: comprendre pour croire, pour agir ensemble dans un respect réciproque! Créer «une civilisation d'amour», capable de faire pièce à la méfiance, à la lutte pour la vie, à la mondialisation matérialiste et de retrouver dans l'unité notre modèle divin d'appartenance.
Des témoignages pour clôturer ce bel ouvrage. Un admirable rapprochement entre Philippe de Néri, l'homme des villes, et le terrien André Gouzes, selon leur pratique commune des béatitudes. Une présentation de l'abbaye de Sylvanès, un lieu où la culture peut retrouver une âme, où est transcendée la crise du culte réservé à Dieu et de la culture marquée par le drame de l'humanisme athée, mais orientée au service d'un monde plus humain, dans une aspiration à la Beauté au-delà de l'instant et de l'immédiatement consommable. - †G. Navez sj