On connaît bien J.-P. Lémonon, professeur émérite à l'Univ. cath.
de Lyon, historien des origines du christianisme et du monde juif à
l'époque du Christ, renommé pour sa probité et sa clarté (cf. NRT
121 [1999] 650). Ce livre est une réédition de 1981, complétée et
adaptée aux nouvelles données de l'archéologie et aux acquis
récents de l'histoire. Il est préfacé par l'éminent historien de
l'Univ. de Tours qui, de son côté, souligne les mérites de
l'A.Après une introduction, l'ouvrage comprend trois parties. La
première, à partir de l'inscription dégagée ces dernières années
provenant d'un siège honorifique du théâtre de Césarée maritime,
tente de reconstituer la genèse de la province romaine de Judée et
rappelle la succession des gouverneurs, mettant en évidence la
titulature de Pilate et des gouverneurs de Judée jusqu'à Claude. Il
détaille les rapports qu'entretenaient ces gouverneurs avec leurs
collègues voisins, de même que les droits et pouvoirs dont ils
jouissaient, et leur lieu de résidence. La deuxième partie, basée
sur les travaux de Flavius Josèphe, commente le récit de l'épisode
des effigies de César afin de relever le comportement de Pilate. Il
y ajoute l'incident provoqué par la construction d'un aqueduc pour
approvisionner Jérusalem. Il parle aussi de l'exécution de Jésus de
Nazareth en analysant les traditions évangéliques et dessine le
portrait du gouverneur qu'elles se font. Il rappelle encore deux
épisodes de son gouvernement: les boucliers dorés, cités par
Philon, avec le récit d'Agrippa, et le massacre des Samaritains,
puis mentionne le départ de Pilate pour Rome. Ces récits, dûment
examinés et critiqués, permettent de tracer un portrait assez
objectif du personnage. Reste une troisième partie qui vise à
épingler l'image caricaturale que la tradition chrétienne a
conservée de Pilate, en recourant notamment aux Actes de Pilate,
apocryphe mentionné par les Pères de l'Église. La conclusion tente
de rétablir la vérité: un homme fidèle à l'empereur et
intransigeant avec les habitants de la Province, dont il ne
comprenait pas la sensibilité, qui n'était pas cruel, quoiqu'il fût
parfois dépassé par la brutalité des troupes romaines.Cette étude,
fouillée et abondamment documentée, est un modèle de littérature
historienne. Elle jette une vive lumière sur le milieu romain de
l'époque et sur les rapports entre l'occupant impérial et la
Palestine en état d'effervescence. Une bibliographie précise achève
de donner à ce volume son caractère d'objectivité scientifique. À
lire en surimpression des évangiles. - J. Radermakers, sj