Pour une histoire du monde catholique au 20e siècle Wallonie-Bruxelles. Guide du chercheur, éd. J. Pirotte et G. Zelis, avec B. Groessens et Th. Scaillet
Col.Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Après une introduction générale et une «Introduction bibliographique», la matière est répartie en six grandes parties. La première s'intitule «La vie religieuse» et comprend les chapitres suivants: 1) La pensée théologique; 2) Les cadres institutionnels; 3) Pastorale et pratique religieuse; 4) La catéchèse et l'enseignement religieux; 5) La vie liturgique; 6) La religion populaire; 7) La vie consacrée; 8) L'oecuménisme en milieu catholique; 9) Vatican II et ses suites. La deuxième partie aborde «Les catholiques dans la vie politique», examinée en trois étapes: 10) Le parti catholique et le Parti social chrétien (PSC); 11) Les engagements en dehors du parti catholique et du Parti social chrétien; 12) Les engagements politiques hors des partis. La troisième partie explore «Les problèmes de société» dans les chapitres suivants: 13) Pensée, organisations et action sociales; 14) Les mouvements d'Action catholique et de jeunesse et l'apostolat des laïcs; 15) L'émancipation féminine dans l'Église catholique; 16) Les organisations socio-caritatives. Un exemple: les Vincentiens; 17) Les catholiques et la prise de conscience wallonne. Dans le quatrième ensemble, «La vie culturelle», sont présentés: 18) L'enseignement: du fondamental au secondaire; 19) Les intellectuels catholiques. De la fin du 19e siècle à la Première Guerre mondiale; puis durant 20) L'entre-deux-guerres, enfin 21) De la libération au concile Vatican II; 22) La presse écrite; 23) L'action des catholiques dans le domaine de la radio et de la télévision; 24) Les catholiques francophones belges et la bande dessinée: un apport majeur; 25) Le cinéma; 26) La musique religieuse; 27) La littérature catholique; 28) Les maisons d'édition catholiques belges francophones; 29) Le théâtre. La cinquième partie, «Guerres et paix» étudie les deux conflits mondiaux (30 et 31) ainsi que 32) Les engagements des catholiques pour la paix. Enfin, dans la dernière partie, «L'outre-mer. Missions et coopération» sont examinées: 33) Les missions à l'époque coloniale; 34) La problématique missionnaire dans le contexte des années 1945-1960, et 35) La coopération. Signalons également à la suite d'une table onomastique, la présence d'une table des noms d'associations et de mouvements, particulièrement précieuse.
Cette énumération montre évidemment la richesse du volume (même si l'on constate parfois des redites) qui voulait prendre en compte toutes les dimensions du catholicisme de la région retenue. Est-ce à dire que tout a été envisagé? On peut se demander en effet s'il n'aurait pas été opportun de consacrer un chapitre aux problèmes de bioéthique qui ont fortement secoué les milieux catholiques depuis au moins deux décennies, aux rapports avec l'Islam dont la présence s'affirme de plus en plus dans la région concernée, surtout à Bruxelles, à l'affirmation de plus en plus nette de la laïcité qui s'en prend parfois de manière assez acerbe au monde catholique, ou encore au pluralisme ambiant lui aussi sans cesse croissant. Un autre absent également, le philosophe jésuite Joseph Maréchal dont la pensée a marqué profondément celle d'un certain Karl Rahner.
Par ailleurs, à l'heure où l'on parle de plus en plus volontiers de «christianisme», on s'étonnera sans doute que les responsables aient expressément retenu le terme de «catholique». Cela s'explique dans la mesure où presque tout le religieux s'est longtemps confondu avec le catholicisme; d'autre part, il faut remarquer que les auteurs, pour autant que leur sujet s'y prêtait, n'ont nullement omis la vie des autres Églises chrétiennes.
Autre question, finalement la plus fondamentale: quelle est la pertinence du territoire retenu? N'était-ce pas tout simplement céder à la mode régionaliste qui fait parfois sourire? À ce sujet, on se reportera à l'introduction générale due à J. Pirotte. Outre qu'il faut bien prendre en considération le phénomène de la régionalisation propre à la Belgique, on doit bien constater qu'assez tôt il y eut des différences d'accents en fait de catholicisme entre, pour faire court, le «nord» et le «sud» du pays. En outre, la manière dont les sujets ont été traités ne sépare jamais de façon hermétique le catholicisme du territoire Wallonie-Bruxelles de l'ensemble du pays: opérer une telle séparation serait d'ailleurs un contresens historique grave. - B. Joassart, S.J.