Il est fréquent que la souffrance aboutisse à mettre en cause
l'existence de Dieu, et d'un Dieu aimant. L'auteur de ce livre
rigoureux accepte de se laisser confronter à cette question. Il
invite à comprendre ce qu'exige la création d'êtres libres,
capables d'orienter leur vie et dès lors de pécher, ainsi que d'une
nature matérielle accédant progressivement à elle-même et se
laissant manier par les hommes sans que puissent être éliminés ce
qu'on peut appeler les « ratés » de l'évolution et des
différentes formes de développement.Mais ce n'est là que le premier
pas d'une réflexion sur le mal. Il faut y ajouter, bien sûr, l'acte
du Fils de Dieu assumant lui-même le poids du péché et du mal. Ne
nous invite-t-il pas à en assumer partiellement le poids, en en
« surmontant » ainsi la souffrance?D'ailleurs, ne
sommes-nous pas tous invités à vivre avec nos limites, au premier
rang desquelles se trouve la mort? Pour « maîtriser » la
souffrance, la première exigence est d'accepter la réalité; il faut
ensuite s'engager dans le processus de maturation que peuvent
déclencher, si elles sont accueillies, l'expérience de la
souffrance, de l'âge et finalement de la mort. Le chemin est alors
ouvert pour une relation à autrui et à Dieu qui s'exprime en termes
d'amour et d'espérance.Nous n'avons fait que dessiner à grands
traits le développement d'une réflexion portée par une attention
aiguisée et par une authentique expérience. - S. Decloux sj