Le philosophe des Grammaires de l’intelligence aborde ici une question aussi simple que redoutable. Comme la science positiviste a limité le réel à ce qu’elle en dit elle-même, c’est peut-être à son crible qu’il faut examiner des phénomènes tels que, p. ex., les soucoupes volantes ou les enfants indigo, mais est-ce une raison pour lui laisser le soin de déterminer à elle seule ce qu’est le réel ? Déjà la science elle-même déroute les intuitions ordinaires de l’esprit humain, p. ex. lorsque la physique d’Einstein s’avère plus réelle que celle de Galilée. N’est-il pas bon, dans ce cas, de poursuivre la recherche en passant du topique à l’herméneutique, dans la mesure où le réel ne se réduirait pas à sa matérialité sensible, mais porterait déjà en lui un sens, une finalité. Fantasme ? Non : si le réel est rationnel de fait, n’est-ce pas là sa « téléologie cachée » (p. 63) ? Portant son attention à la lecture, par le sujet, du monde des objets l’A. est amené à affirmer qu’« est réel ce qui peut être présenté dans des énoncés vrais » (p. 68). Or l’affirmation de vérité s’appuie sur une confiance que l’esprit ne peut récuser sans l’exercer encore en cette récusation même (cf. un développement de ce thème dans D. Lambert et M. Leclerc, Au cœur des sciences. Une métaphysique rigoureuse, Paris, Beauchesne, 1996). Davantage encore, les aprioris communicationnels que sont la vérité, l’esprit et la liberté, appellent l’ultime démarche de vivre en vérité non seulement dans le quant à soi de la personne, mais encore dans le champ social de l’économie, de l’écologie, de la politique (en particulier, européenne). Un ultime chap. aborde la foi : « je ne puis croire en Dieu sans que, de mon point de vue, le divin doive être » (p. 145). Citant plus d’une fois Platon, Kant, Hegel ou Heidegger mais imaginant aussi un petit dialogue entre enfants pour illustrer son propos, l’A. réussit à nous faire comprendre que, devant le réel, nous restons petits. — X. Dijon s.j.