Saint Bonaventure. La joie d'approcher Dieu, tr. J. Gréal
Marianne SchlosserStoria del pensiero - reviewer : Alain Mattheeuws s.j.
La première partie décrit Bonaventure comme «magister et minister», enseignant à Paris dans un contexte délicat et prenant ensuite une responsabilité auprès de ses frères. Septième ministre de l'Ordre franciscain, il est fortement engagé dans la querelle des ordres mendiants. Sa mission de Cardinal est évoquée. Son portrait s'achève dans la reconnaissance par l'Église de sa sainteté et de son apport original en théologie: n'est-il pas «docteur de l'Église»? Ces traits biographiques nous mettent en présence et en amitié avec une personnalité hors du commun de cette époque.La deuxième partie trace un «portrait théologique» du «Doctor Seraphicus». Cette partie est plus qu'évocatrice: elle nous mène de la recherche et de l'énonciation de la vérité (I) à la «douceur» d'une expérience mystique (VII). La beauté de l'homme «dans la main du Créateur» est mise en évidence: il est l'image de Dieu (II), «capable de Dieu par la connaissance et l'amour». Est-il possible de connaître sans aimer? sans faire «histoire» avec l'humanité et particulièrement avec le Christ fait chair? Le salut est clairement mis en évidence en la personne du Christ qui vient à notre secours (III et IV). Mais pour «Bonaventure, le Christ est non seulement le «Verbe incréé, par lequel tout a été fait», non seulement le «Verbe fait chair», mais aussi le «Verbe spiré» (Verbum inspiratum). On voit immédiatement le parallélisme avec les trois «livres» de la Création, de l'Écriture et de la «Vie» (p. 166). Ce salut s'inscrit dans l'histoire par les remèdes que sont les sacrements de l'Église (V) et par la grâce offerte (VI). «Nul ne possède Dieu, si Dieu ne le possède» (p. 196), formule clairement antipélagienne qui se déploie dans la contemplation de «l'arc-en-ciel des vertus» (p. 205). Ce cheminement théologique ne laisse pas indifférent. Ce livre permettra à de nombreux chrétiens de connaître une personnalité théologique aux riches harmoniques. Cette connaissance sera certainement utile pour ceux qui ne connaissent du Moyen âge que saint Thomas et qui pourront ainsi «savourer» la polyphonie spirituelle et théologie de cette époque. N'est-elle pas le gage et la promesse de ce que vit toujours l'Église dans sa riche tradition? - A. Mattheeuws sj