Sainte Thérèse et les escaliers. Douze leçons de vie spirituelle, préf. D. Chardonnens o.c.d.
Claire de l'Eucharistie (Martine Leuridan)Spiritualità - reviewer : Pascal Ide
De nombreux et importants ouvrages ont exposé en détail la spiritualité originale de la « petite voie », à commencer par ceux des grands thérésiens, le bienheureux Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, Pierre Descouvemont, Conrad de Meester, Victor Sion. L’ouvrage de Martine Leuridan (en religion Claire de l’Eucharistie), membre de la Communauté des Béatitudes et professeur extraordinaire à la Faculté de théologie de l’Institut catholique de Toulouse, ne les ignore pas et ne prétend assurément pas les remplacer, mais propose une façon simple et pédagogique (une « petite voie » !) pour introduire de manière synthétique, actuelle et concrète à la voie d’abandon initiée par le Docteur de la science d’amour : l’échelle (qui n’est pas identique à l’image bien connue de l’ascenseur). 12 méditations qui partent de ce symbole éminemment biblique et traditionnel. Certaines partent de l’escalier au sens propre et matériel : par soi (comme l’escalier de la petite fille qui souffre d’être abandonnée et ne veut pas monter sans être appelée) ou par accident (celui du rêve sur les démons) ; signe (celui des Buissonnets lors de la grâce de Noël) ou moyen de la conversion (la rampe du carmel à laquelle se cramponner pour préférer Dieu à la créature). D’autres parlent de l’escalier au sens figuré et spirituel : ou qu’on le monte (« l’escalier dont les créatures sont les degrés »), mais que l’on écarte comme trop rude (la crainte ou la perfection), ou, et là réside en propre le génie thérésien, qu’on le descende. Et c’est en descendant « l’escalier du renversement des perspectives » ou « jeu de l’escalier » que le livre offre son meilleur : l’escalier dit autant l’amour divin qui s’abaisse pour se donner totalement que l’humilité humaine (une autre forme de l’amour) qui s’appauvrit pour le recevoir totalement.
L’on pourra discuter le caractère un peu artificiel de la synthèse opérée par ce thème, l’escalier, d’autant que manque une approche linguistique différenciant les significations analogiques de ce terme éminemment polysémique – dont nous venons d’ébaucher une première systématisation. Demeure, et c’est là l’essentiel, une présentation qui, dans un regard de sagesse qui est aussi le fruit de l’expérience, donne à goûter – et envie de vivre – le cœur même d’une spiritualité éminemment adaptée à notre temps où « l’Esprit va chercher non seulement au “rez-de-chaussée”, mais au “sous-sol” » (p. 310). — P.I.