Le bouddhisme et le christianisme sont des réalités si complexes
qu'il semble déraisonnable d'en vouloir entreprendre une étude
comparative globale. Dans cette dissertation doctorale de la
Faculté de théologie de Münster, l'A., un capucin, délimite
sagement un champ plus modeste et cependant important pour l'une et
l'autre traditions. D'une part l'ordre monastique (sangha) fondé
par le Bouddha, plus exactement sa branche masculine, telle qu'on
peut la connaître, pour la période ancienne, à partir de la version
pâli des Écritures canoniques; d'autre part l'ordre franciscain,
dans sa première phase (avant le généralat de Bonaventure) et
d'après les sources anciennes. Le travail examine attentivement les
éléments pertinents de la vie des deux fondateurs, la manière de se
situer par rapport au monde et au «soi», leur conception du salut.
Il étudie ensuite leur projet de libération spirituelle, le
contexte dans lequel il s'inscrit (Inde brahmanique ancienne;
société et Église médiévale), l'institution et la règle dans
lesquelles ce projet s'incarne, avec les exigences qui en
découlent: pauvreté, détachement, mobilité, prédication. Un long
chapitre est consacré à la place de la mort dans ces deux écoles
spirituelles.
L'analyse est nuancée et ne perd jamais de vue non seulement les
profondes différences doctrinales, mais aussi une certaine
dissymétrie d'ensemble: alors que l'ordre monastique est au coeur
du bouddhisme, l'ordre franciscain n'est qu'une forme parmi
d'autres de la vie religieuse, laquelle représente à son tour une
forme de vie au sein de l'Église. Au terme de son étude, l'A.
esquisse une appréciation chrétienne du Bouddha et une
interprétation bouddhique de François d'Assise, avant de conclure
sur la contribution de la vie spirituelle à la théologie des
religions et au dialogue interreligieux. - J. Scheuer, S.J.