Dans un monde décidément pluri-religieux, dans nos sociétés fluides et marquées par l’autonomie des individus, quels pourraient être les traits de la spiritualité de demain ? Cette interrogation a réuni lors d’une session d’études à Munich une trentaine d’intervenants, pour la plupart catholiques et protestants : sociologues et théologiens, pasteurs et accompagnateurs. Il est devenu fréquent de distinguer et même d’opposer, parfois de façon caricaturale, le « spirituel » et le « religieux ». Visant à préciser et interpréter les relations complexes entre ces deux pôles, l’exposé et le commentaire d’enquêtes sociologiques (allemandes, européennes) plantent le décor et dessinent une problématique. Sont ensuite évoquées les figures de trois religieux chrétiens, pionniers de l’ouverture à d’autres traditions spirituelles : Hugo Enomiya-Lassalle, Henri Le Saux (Swami Abhishiktananda) et Paolo Dall’Oglio.

Une quinzaine d’exposés tentent alors de décrire des pratiques spirituelles contemporaines, notamment parmi les jeunes, que ce soit au sein des Églises, dans leurs marges ou sans référence à elles : Zen, yoga, danse, plongée dans la nature, cycle des saisons, pratiques de guérison, ennéagramme, récitation de mantras, pratiques soufies, exercices spirituels, pleine conscience, pèlerinage… Dans cet environnement multiple et mobile, les spiritualités et leur transmission peuvent-elles se passer du soutien d’institutions ? Des personnes, des lieux voire des communautés, séculières ou religieuses, peuvent offrir, dans des formes et dans un langage renouvelés, orientations et relais. L’oiseau qui apprend à voler doit pouvoir s’élancer d’un nid ; encore faut-il éviter que le nid se transforme en cage. — J. Scheuer s.j.