The Bhagavadgita and St. John of the Cross. A Comparative Study of the Dynamism of Spiritual Growth in the Process of God-Realisation

R.V. D'Souza
Religioni - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Membre indien de l'ordre des carmes déchaux, l'A. publie ici la dissertation doctorale en théologie spirituelle qu'il a présentée à l'Université Grégorienne. Bien que ce travail puisse se lire comme une étude comparative de deux textes ou ensemble de textes, son auteur, qui attend beaucoup de la théologie spirituelle pour ouvrir la porte d'un authentique dialogue interreligieux, se situe clairement dans une perspective de foi et de spiritualité chrétiennes: c'est dans cette lumière qu'il lit la Bhagavadgîtâ (BhG) et qu'il tente de reconnaître convergences et différences. L'axe de son étude est la dynamique de croissance spirituelle qui, par un mouvement en spirale (voir les schémas des p. 146 et 298), conduit à l'union à Dieu. En étudiant en parallèle la BhG (I) et les écrits de Jean de la Croix (II), l'essentiel ne sera pas de repérer des enseignements sur la Divinité et sur l'être humain considérés comme des réalités séparées et statiques. Il s'agira plutôt de faire ressortir les conditions, les modalités et les étapes du cheminement qui, alliant grâce divine et effort humain, conduit à l'union transformante. C'est dans la dynamique de ce parcours spirituel que l'on peut alors comparer avec fruit les deux traditions (III). Ordonnant les «voies» ou «yoga-s» de la BhG selon la séquence: karma (action) / jñana (connaissance) / bhakt (participation, amour), l'A. les met en parallèle avec les voies purgative, illuminative et unitive dans l'oeuvre de Jean de la Croix.
Ce travail soigneux et respectueux se lira avec profit, sans promettre pour autant de grandes nouveautés (signalons toutefois des développements intéressants sur mâyâ et «nuit obscure»). L'A, se montre conscient des écueils linguistiques, culturels et herméneutiques, qu'il rencontre sur sa route. On peut se demander cependant si la lecture de la BhG à la lumière de Jean de la Croix respecte bien la situation et la problématique du texte hindou. Isolée de son contexte épique (le Mahâbhârata), privée de ses dimensions sociale et cosmique, la BhG se transforme en un traité de vie intérieure. Le roi y devient la figure du croyant ou de tout homme spirituel. Ne proclame-t-on pas un peu vite que «le combat sur le champ de bataille est l'image claire de la condition humaine sur cette terre» (p. 5-6)? S'agit-il simplement de spiritual warfare (p. 5)? La BhG, qui s'est prêtée de bonne grâce à bien des interprétations au sein même de l'hindouisme, est ici lue dans la ligne de ses commentateurs théistes (p. 3-4), anciens (surtout Râmânuja 394, 458) et modernes. L'option est légitime et facilite évidemment la comparaison avec l'oeuvre de Jean de la Croix. Mais on pourrait encore se demander s'il n'y a pas quelque déséquilibre à mettre ainsi en regard un texte ancien, anonyme et peut-être composite (la BhG) et l'oeuvre, beaucoup plus récente, d'un auteur individuel bien précis, et s'exprimant comme tel (tout en se situant clairement dans une tradition). De ce point de vue, ne serait-il pas plus heureux de comparer, par ex., un Jean de la Croix et un Râmânuja? - J. Scheuer, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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