C'est grâce au p. E. Hocedez que la valeur de Gilles de Rome a
commencé à être reconnue. En 1930, il publiait une 1e édition
critique des Théorèmes sur l'être et l'essence. Nous avons
maintenant, dans le présent volume, la traduction française
intégrale de ces 22 théorèmes de Gilles. Nous la devons à Stéphane
Mercier, qui la fait précéder d'une substantielle introduction. Il
y retrace les moments principaux de la biographie de Gilles, il
situe les Théorèmes dans la controverse qui, entre 1276 et
1287, éclata entre Gilles et Henri de Gand sur la distinction
réelle, et propose enfin, en en montrant les aspects positifs et
négatifs, la doctrine de Gilles sur l'être comme res. Pour
Gilles, l'être est la perfection de la forme et donc l'ultime
complément de l'essence. L'être n'est donc pas une essence. Pour
insister sur la réalité de l'être et parler de cette actualité
qu'est l'esse, il utilise le terme res. Une
essence appartient toujours nécessairement à la catégorie de
substance ou à celle de l'un des neuf accidents. L'être, lui, est
extra-catégorial et est acte réel de l'essence. Gilles et Henri de
Gand veulent l'un et l'autre défendre une métaphysique qui soit
compatible avec la création. Mais ce qui les sépare, c'est que le
sens des concepts qu'ils utilisent n'est pas identique. C'est aussi
que la structure de l'univers n'est pas comprise de la même manière
par les deux penseurs. - H. Jacobs sj