Theravâ Buddhism and the British Encounter. Religious, missionary and colonial experience in nineteenth century Sri Lanka

Elizabeth J. Harris
Religioni - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Qu'elles soient marquées par l'affrontement ou par la volonté de dialogue, les relations entre nations, cultures ou religions ne se comprennent qu'à la lumière de l'histoire. Il est heureux de voir se multiplier les recherches de première main en cet immense domaine. Fruit d'années d'enquêtes dans les bibliothèques et les fonds d'archives de Sri Lanka et de Grande-Bretagne, ce volume analyse les perceptions britanniques du bouddhisme cinghalais depuis l'époque où l'île passe du pouvoir hollandais à la colonisation anglaise (conquête de Colombo en 1796, de Kandy en 1815). Quelles représentations du bouddhisme pouvaient avoir voyageurs et colons, érudits orientalistes et administrateurs, missionnaires anglicans, baptistes ou méthodistes? La matière ne se prête guère à un traitement quantitatif. Divisant le siècle en trois périodes, l'A. s'attache plutôt à préciser le contexte et les intérêts de chaque témoin. Le Bouddha est-il un personnage historique ou une figure légendaire, un être surnaturel ou un sage humain? Sa doctrine est-elle négative voire nihiliste, ou s'agit-il au contraire d'une éthique rationnelle et utile à la société? Le culte des esprits et des «démons» appartient-il au bouddhisme authentique? Celui-ci est-il toujours vivant ou a-t-il disparu depuis de nombreux siècles? L'Occidental qui se penche sur les textes classiques connaît-il le bouddhisme mieux que les bouddhistes asiatiques d'aujourd'hui?
D'une génération à l'autre, certaines de ces thématiques connaissent de nettes transformations; dans l'ensemble, cependant, chaque période est marquée par une grande diversité dans les interprétations et les appréciations. Alors même que progresse la connaissance des langues et des textes classiques, les relations entre bouddhistes et missionnaires tendent à s'envenimer: il est vrai que ces derniers ne conçoivent guère des relations qui seraient marquées par une véritable réciprocité. La fin du siècle voit la brève mais impressionnante flambée du mouvement théosophique, puis les premiers convertis et moines bouddhistes occidentaux. En fin de volume, l'A. esquisse brièvement quelques prolongements vers le 20e s. Surtout, dans des pages passionnantes (161-185), elle revient sur la question de la formation d'un bouddhisme «moderniste» ou «protestant» qui serait apparu vers la fin du 19e s. Exploitant des documents de la fin de la période hollandaise, elle y montre la présence de certains thèmes que des auteurs récents estiment caractéristiques de cette forme «moderne» de bouddhisme. La question est donc plus complexe qu'il ne paraît. En particulier, d'indéniables influences occidentales - chrétiennes et parfois anti-chrétiennes - ne doivent pas occulter le rôle créatif de certains bouddhistes sri-lankais dans les transformations de leur propre tradition. Ce rééquilibrage est capital pour comprendre l'évolution contemporaine du bouddhisme en Asie; il est également de nature à éclairer les formes de bouddhisme qui se diffusent aujourd'hui en Occident. - J. Scheuer sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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