Cette thèse de doctorat en théologie biblique (Univ. Grégorienne)
se situe dans la ligne des travaux sur Paul entrepris par A. Pitta,
J.-N. Aletti ou encore F. Bianchini, avec qui l'A. discute tout au
long de sa recherche. L'enjeu est d'approfondir la pensée de
l'Apôtre à partir d'une exégèse rigoureuse qui s'appuie sur une
meilleure connaissance de l'art de la communication de l'Antiquité
- pratique épistolaire et rhétorique du discours. Si les premières
études dans le domaine ont appliqué de manière parfois rigide les
schémas des manuels, les plus récentes soulignent la liberté et la
créativité de Paul à l'égard des modèles, tout en affirmant que
leur connaissance est nécessaire pour en déchiffrer la pensée. La
présente étude porte sur la fonction rhétorique du long passage
autobiographique de Ga. Elle cherche à en déterminer plus
précisément la nature : peut-on la qualifier d'« éloge de
soi » (periautologia, Pitta), ou bien s'agit-il
plutôt d'une argumentation basée sur des motifs autobiographiques
(Aletti) ? Au terme de l'étude, l'A. opte pour un « éloge
de soi paradoxal » dont la finalité est double :
« montrer l'origine divine de l'Évangile et la force avec
laquelle il opère en celui qui l'accueille, et présenter Paul comme
un exemple vivant d'adhésion à l'Évangile. Loin du recours
classique à l'éloge de soi (…), l'apôtre fait certes son propre
éloge, mais pour louer l'action du Christ, agissant en lui par le
moyen de l'Évangile » (p. 266). L'argumentation de la thèse
est bien menée en 4 chap. Les 2 premiers servent de préliminaire et
peuvent être survolés par le lecteur au fait de ces questions. Tout
d'abord, un tour d'horizon de la pratique épistolaire et rhétorique
de l'Antiquité aboutit à un status
quaestionis sur la nature et la composition de Ga ;
ensuite, sur la base de critères multiples, vient une proposition
de dispositio de l'ensemble de Ga et plus
spécifiquement du passage étudié. Le chap. 3 constitue le coeur de
la thèse et consiste en un commentaire exégétique minutieux de Ga
1,13-2,21. Il débouche sur une reprise théologique que l'A.
présente judicieusement autour de quatre relations entretenues par
Paul, avec le judaïsme, le Christ, les opposants et les Galates. -
S. Dehorter