Dans ce livre au titre de roman, deux surprises nous attendent. Tout d’abord, Alain Damasio, auteur de science-fiction se fait essayiste, entre reportage (l’A. a visité la Sillicon Valley en famille pendant un mois), microsociologie, futurologie et philosophie (pas totalement, puisqu’une longue nouvelle dystopique clôture l’ouvrage). Ensuite, alors qu’on attend une charge technophobique, marquée par la subversion deleuzienne caractéristique de l’A., l’on aboutit à une approche nuancée. Ce déplacement géographique qui a aussi été un déplacement intérieur se traduit par un récit en trois temps, sous l’égide prophétique d’Amérique de Baudrillard (1986).
Les 4 premières chroniques, nettement technocritiques, se demandent si : le technococon tissé par le temple d’Apple n’a pas adopté la forme d’un anneau pour nous rappeler Sauron (« Un seul anneau pour les gouverner tous ») ; les voitures autonomes et connectées conjurent le corps et dopent la flemme ; le métavers et les autres problèmes de frontière conviennent à un immobilisme physique ;…