Verbe et chair. Les modalités de l’incarnation dans la réception philosophique de l'Évangile de Jean (Jn 1,12-14)

(éd.) J. Casteigt
Sacra Scrittura - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

L’évangile de Jean et, singulièrement, le Prologue n’ont cessé d’exercer un grand attrait, voire une fascination, sur les chercheurs tant théologiens que philosophes. Pourtant, l’exégèse actuelle a plutôt délaissé le dialogue avec la philosophie, préférant étudier les sources intrabibliques du logos plutôt que son lien avec la pensée grecque antique.

Pourtant, le dossier n’est pas clos et J. Casteigt a choisi de le reprendre non pas d’abord par la question du logos, mais autour du thème de l’incarnation. Elle a réuni pour cela une équipe interdisciplinaire composée de philosophes, dont elle est, de philologues et d’un exégète pour étudier la question de la réception des versets centraux du Prologue que sont Jn 1,12-14. D’ailleurs, étudier ces versets à partir de leur réception est particulièrement pertinent, puisqu’il s’agit bien de leur thématique centrale : la parole s’est faite chair, sera-t-elle accueillie ? Et à ceux qui l’accueillent, elle offre une vie nouvelle.

Ainsi, pour étudier la réception de ces versets cruciaux, l’ouvrage procède par étapes. Dans une étude simple et stimulante, P. Lefèvre étudie les rapports de la parole et de la chair dès la création pour situer ces rapports à l’intérieur d’un processus de révélation progressive.

Tout travail de réception demande d’en étudier les difficultés. Pour cela, les deux études suivantes seront consacrées à un des aspects les plus difficiles, à savoir la lecture de Jean 1,13. C. Amphoux cherche à éclairer le problème de la lecture d’ἐγεν(ν)ήθησαν non seulement à partir des principaux témoins, mais dans la lumière théologique offerte par Jc 1,17 et Mt 21,28-32. D. Pastorelli se penche, quant à lui, sur la lecture qu’Irénée fait du même verset, ce qui lui permet aussi de croiser philologie et théologie pour éclairer ce verset difficile.

Nous voilà alors à pied d’œuvre pour étudier l’Incarnation comme témoignage chez Albert le Grand et comme « manifestation » chez M. Henry. Le questionnement de ce dernier sur la portée révélatrice de la chair elle-même est particulièrement pertinent. En ce sens, il est dommage de ne pas avoir poursuivi le dialogue avec un théologien. En effet, une étude sur la portée révélatrice de « l’apparition » de la chair chez un théologien comme Balthasar aurait noué la gerbe de manière idéale. — G. de Longcamp c.s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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