Aimé Forest et une «sagesse plus haute que le thomisme…»
Michel MahéFilosofía - reviewer : Hubert Jacobs
Mais la réflexion d'A. Forest ne pouvait en rester au seul thomisme. Le mouvement de son esprit l'amena à trouver lumière et plénitude chez saint Augustin, chez saint Bernard, chez d'autres penseurs encore. Ils lui firent découvrir que le réalisme véritable ne peut être que spirituel. Sa propre philosophie s'élabora dans le refus d'un réalisme non réflexif, tout autant que d'un spiritualisme sans souci de l'être. Le consentement n'est plénier que lorsqu'il conduit à ce lien spirituel où se trouve l'unité indissociable des deux pôles du cheminement métaphysique. La pensée d'A.F. s'est ainsi révélée philosophie du lien spirituel, par delà un thomisme d'ailleurs jamais renié, dans une métaphysique de l'amour, elle-même finalisée par l'expérience religieuse. L'affirmation de la découverte d'une sagesse plus haute que le thomisme n'a pas détourné A. F. de saint Thomas. Par delà la lettre, A. F. a retrouvé l'esprit, mieux il y a trouvé une philosophie de l'esprit et l'ouverture à une sagesse chrétienne intégrale. Ainsi que le dit l'A., le réalisme thomiste portait pour lui les germes d'un spiritualisme et d'une mystique que développent la spiritualité augustinienne et la mystique bernardine et sanjuaniste. Mais, ajouterions-nous, A.F. n'en a pas pour autant négligé l'enracinement corporel de notre esprit: il n'est que de relire ses pages d'introduction à Gabriel Madinier pour s'en convaincre. - H. Jacobs sj