L'intérêt renouvelé pour les figures et les textes mystiques de
notre Moyen Âge interroge les spécialistes de plusieurs
disciplines : études littéraires, histoire, philosophie,
théologie systématique, spiritualité… Que demander à la lecture de
ces textes ? Plus précisément, comment définir la
(dis-)continuité entre ces témoins médiévaux et notre propre
situation postmoderne placée sous le signe de la subjectivité et de
l'expérience ? Est-il possible de dépasser le clivage souvent
dichotomique entre une étude purement « académique » et
une lecture immédiatement « spirituelle » ? Tel
était le thème d'un colloque organisé en 2012 par la Fac. de théol.
de l'Univ. cath. de Leuven. Retravaillées en vue de leur
publication, les 18 contributions ici rassemblées ne perdent pas de
vue cette problématique, bien qu'elles privilégient inévitablement
tantôt le versant historique et médiéval tantôt celui de la reprise
contemporaine. Les unes se montrent davantage attentives aux
interrogations herméneutiques et critiques, d'autres aux
caractéristiques proprement médiévales de textes anciens parfois
reconnus aujourd'hui comme des « classiques ». N'y
aurait-il pas, selon les disciplines, différentes manières de
maintenir la « bonne » distance à l'égard de ces textes
et de leur message ?
Parmi les figures médiévales plus fréquemment prises en
considération, citons Eckhart, Suso et Ruusbroec, mais également
Béatrice de Nazareth, Marguerite d'Oingt ou encore Marguerite
Porete. Et parmi les penseurs contemporains dont l'éclairage est
sollicité : Kierkegaard, Przywara, Ricoeur et Tracy. Signe des
temps : les trois dernières contributions, signées par des
chercheurs chinois et japonais, proposent des parallèles ou des
rencontres avec les traditions spirituelles de l'Extrême-Orient,
taoïsme et bouddhisme. - J. Scheuer s.j.