Comment une culture qui s'est centrée sur l'économie et la
technique peut-elle rendre compte du don ? Quelle est la place
d'une gratuité manifestée sans idéalisme par le don qu'est tout
être humain et par cette capacité qu'il a aussi de faire don de
lui-même et de le symboliser par des dons variés ? Dans un
premier temps, l'A. lie le don à la proximité, la gratuité et la
justice. Il purifie le concept, la réalité concrète et en souligne
les traits précieux. Son style est alerte, clair et stimulant.
« Nous avons tout reçu. (…) Si nous sommes conscients de cette
condition qui nous caractérise, il n'est pas difficile d'entrer
dans la danse du don et de devenir à notre tour des donateurs, afin
que le don passe de mains d'homme à d'autres mains d'homme et crée
cette communitas qui rend possible
l'humanisation » (p. 39-40). La parabole des talents
(Mt 25,14-30) est citée pour illustrer cette dynamique :
« Celui qui avait compris que le Donateur était bon avait fait
fructifier le don reçu. (…) Seul l'amour se diffuse et
s'effuse ! » (p. 41).
Le pardon est un redoublement du don, mais il nous convie à
affronter la question du mal (p. 52) et, surtout, il s'inscrit
dans le temps de l'homme. Il est « laborieux » et passe
par différentes étapes. E. Bianchi insiste sur le dépassement
de la tentation de se venger, sur la nécessaire connaissance de soi
pour se transformer et comprendre l'offenseur. Il n'est pas facile
de manifester le pardon : il faut parvenir à faire le premier
pas, car pardonner n'est pas une « action de justice mais de
miséricorde » (p. 66).
Dans ses références bibliques comme dans l'apport d'une sagesse
philosophique ou bouddhiste, l'A. creuse pour nous un chemin qui
mène au coeur de la miséricorde. La simplicité de l'exposition n'en
trahit pas la profondeur : au contraire ! Cette lecture
sera bonne à faire durant le Jubilé de la miséricorde. -
A. Mattheeuws s.j.