Jacques, évêque de Saroug (†521), surnommé la Harpe de l'Église, la
Flûte du Saint Esprit, est, avec Éphrem, un des grands auteurs
chrétiens de langue syriaque. Son oeuvre comporte des hymnes, des
cantiques dialogués et plusieurs centaines de mimra, homélies
métriques récitées, non chantées, qui utilisent un mètre de son
invention, le mètre jacobien (deux hémistiches, répartis chacun en
trois mesures de quatre syllabes). La présente collection comporte
huit mimra eschatologiques, émaillées de citations bibliques,
tirées de la Peschita et de l'évangile mélangé (le Diatesseron de
Tatien), l'Apocalypse étant absente du canon syrien. La fin des
temps est imminente, les signes annonciateurs sont accomplis: Le
soleil s'obscurcit, la lune se voile, les étoiles tombent… le ciel
tremble, la terre frémit, les montagnes vacillent (mètre jacobien).
Le monde est, comme Siméon, un vieillard qui attend sa libération:
l'été joyeux du monde nouveau, le sabbat de la création, le banquet
des noces du Christ et de l'Église. Les personnes âgées retrouvent
la jeunesse, les enfants grandissent… Chacun se met à nu devant
tous, et se juge soi-même: le roi est sans couronne, le juge est
sans siège! Une seule fois est mentionnée la miséricorde. Israël
est rejeté en faveur des nations (un thème cher à Éphrem). Le
Christ repousse dans le feu le peuple maudit; il ne leur permet pas
de le regarder, de peur que naisse à leur égard la pitié et qu'ils
ne conçoivent une espérance. La traduction se veut littérale, elle
ne manque pas d'élégance. - P. Detienne sj