Il est certainement imprudent, sinon impudent, de proposer un
«compte rendu» d'un texte où l'itinéraire intellectuel de l'auteur
qui s'y expose nous entraîne bien souvent dans des régions
inconnues. Pourtant, n'étant pas totalement ignorant de
quelques-uns des paysages évoqués, on nous permettra de faire part
de la jubilation qui ne nous a jamais quitté tout au long de ce
parcours et d'évoquer - ce qui n'est peut-être pas académique -,
sur les modes de la gratitude et de la louange, les découvertes
nombreuses que nous y avons faites… Une quête! Celle où il s'agit
de se laisser marquer du «sceau de l'analogia entis». La
topographie déjà balisée et le tracé encore en pointillé des
travaux annoncés ont fait l'objet d'une leçon à l'Université de
Strasbourg en 2009 sous l'autorité du professeur Yves Labbé en vue
de l'habilitation à diriger des recherches. L'intérêt constant qui
a soutenu notre lecture, souvent éblouie, faut-il le redire,
invitera d'autres lecteurs plus avertis à examiner la validité des
étapes parcourues et la fécondité possible des pas encore à faire
pour honorer ceux qui ont déjà été risqués. C'est la quête d'une
«conciliation» des termes du binôme récurrent dans l'histoire de
l'Esprit que sont «la foi et la raison». C'est, dit autrement, se
laisser introduire davantage dans le cercle de la connaissance et
de l'amour, entendre ainsi d'autres voix à accueillir ou encore à
situer par un non possumus navré, afin d'accéder en son nom propre
à ce que l'A. évoque comme: «(…) les trois différentes facettes
d'une analogie de l'amour: l'être est à la fois donation expansive
de soi, consentement réflexif sur soi et fécondité expressive de
soi». On le pressent, on s'avance alors, mais de nuit, auprès de
l'affirmation, assumée ou récusée, à savoir: «Dieu n'est donc pas
sans l'être, car l'être est amour, si bien que l'analogie
s'enracine dans une catalogie du don, du consentement et de la
fécondité divins». Ceux qui fréquentent Blondel, Siewerth et Ulrich
ou, encore plus étonnants, Jacob Boehme (sur qui notre auteur vient
de publier une introduction aux éditions de l'Harmattan) et Franz
van Baader, auront quelques bonnes raisons de penser, avec
l'auteur, qu'il est possible «de dépasser l'alternative
contemporaine entre modernité et postmodernité par l'identité
toujours plus grande du fini et de l'infini». Ce compte rendu
s'efface en fin de compte devant les propos de la «4e de
couverture» de l'ouvrage, ne cherchant qu'à inviter à une lecture,
elle aussi hospitalière, associée au sourire d'un «Tourpe après
Tourpe». Celui-ci n'a-t-il pas salué en cours de route des von
Balthasar, Maréchal, Hayen, Chapelle, Gilbert, Favraux… et tant
d'autres qu'il invite avec reconnaissance et respect à ses côtés? -
J. Burton sj