Dans cette étude, impressionnante par son ampleur et ses
références, J.-Cl. Larchet se donne comme objectif de répondre à la
question suivante: existe-t-il chez les Pères avant Palamas une
théologie des énergies divines? Pour cela, il offre un parcours
patristique depuis les sources philosophiques et scripturaires
jusqu'à Jean Damascène, avec un arrêt significatif sur Grégoire de
Nysse (50 p.) et Maxime le Confesseur (92 p.). Pour chaque auteur
étudié, il commence par mesurer la présence et évaluer la
signification du terme energeia (en rapport avec ceux d'ousia et de
dunamis) ainsi que des autres expressions se rapportant aux mêmes
réalités. En s'efforçant de respecter à chaque fois le contexte
propre de pensée, il aborde les enjeux de la distinction réelle (ou
pas) en Dieu de l'essence et des énergies et de la nature de
celles-ci, à savoir: la connaissance de Dieu (selon l'essence ou
selon l'énergie), les Noms divins, la gloire, la nature de la grâce
(créée ou incréée), la divinisation de l'homme (union morale des
volontés ou union ontologique). L'introduction situe polémiquement
ces enjeux dans le rapport entre l'Occident et l'Orient. La
conclusion ressaisit, quasiment sous forme de thèse, les résultats
de ce parcours: le sens dominant d'energeia comme activité ou
opération d'une puissance, sa distinction réelle et son rapport à
l'essence, sa valeur au niveau non seulement économique
(manifestation de Dieu) mais aussi théologique (en lien avec les
attributs divins). Nous pourrions regretter que l'Écriture et son
interprétation n'ait pas plus de place dans l'étude de chaque
auteur. Qu'en est-il, dans ce débat passionné, des promesses de le
voir «face à face» (1 Cor 13,2) et «tel qu'il est» (1 Jn 3,2)? - S.
Dehorter