L'A. de ce vol. a déjà montré sa compétence en assurant sa
collaboration à l'édition d'Introduction à la philosophie de la
religion (Paris, Cerf, 1989). Il n'est pas surprenant de
le retrouver assumant cet ouvrage important publié aux Presses de
l'IPC, où, entre autres institutions, il enseigne. La question
initiale de ce travail est : « le temps, dans le sens élucidé par
Heidegger, est-il la condition de possibilité de toute
manifestation, et la plus originaire ? La manifestation de l'être
est-elle nécessairement tragique, à-la-mort », ou bien y-a-t-il une
manifestation infinie, et laquelle ? La tragédie du savoir ignorant
ses limites a déjà été pensée par Hegel » Mais « Heidegger a
contesté la possibilité d'un savoir absolu prétendant la
surmonter. » Reste la question : « Comment expliquer
« l'appel » persistant à chercher le « mot
magique » pour l'être, ou sa manifestation « la plus
propre »? » La dépendance de Levinas et de Henry vis-à-vis de
la pensée de Heidegger est sur ce point limitée. L'A. pose alors
cette question : « Ne faut-il pas reconsidérer le thème
traditionnel d'une lumière éternelle ainsi que
celui de la vision immédiate de Dieu en tant que
participation à cette Lumière ? » L'expérience mystique, étudiée
aussi dans ce vol., « reprend la question en lien avec la question
de Dieu en lien avec celle de l'être ». Il sera alors utile de
reprendre une lecture de Thomas d'Aquin « en débat avec Heidegger
et d'autres figures de la phénoménologie actuelle ». La suite des
huit parties de ce travail reprenant des études antérieures
circonscrites présente ainsi un parcours progressant vers une
position thomasienne des questions soulevées, ainsi que la
possibilité d'autres voies que « six chemins qui s'enfoncent dans
le domaine inexploré de la pensée » (travaux de Heidegger entre
1934 et 1946). L'apparat critique et les index variés de ce travail
permettent des recherches et des lectures que des chercheurs
spécialisés seront heureux de consulter. Livre de lecture exigeante
mais qu'une problématique réflexive du « désir naturel de
connaître » (Aristote) et religieuse du désir de « la connaissance
de Dieu » n'ignorera pas. - J. Burton s.j.