Il discorso ecologico della Chiesa è inteso a volte come un passatempo alla moda. Ora, l'affermazione papale che scandisce l'enciclica Laudato Si', « tutto è connesso », riposa su una realtà scientifica: gli equilibri naturali da cui dipendono le forme attuali della vita sulla terra. Le due degradazioni che sono il tracollo della biodiversità e il riscaldamento climatico minacciano la sopravvivenza dell'umanità. Di fronte a questa urgenza, la tradizione cristiana, basata sulla Bibbia, fornisce delle fonti preziose per l'impegno cristiano. Gli appelli di Papa Francesco non costituiscono una rottura con i discorsi dei suoi predecessori, ma si radicano in essi.
Saluée à sa parution par une société civile quasi-unanime, et notamment par les écologistes non chrétiens1, mais aussi par les innombrables catholiques déjà engagés à travers le monde, qui trouvaient là une légitimité réassurée, l’encyclique Laudato Si’, cinq ans après, apparaît toujours comme un texte essentiel et fondateur. Cet appel à la conversion pour la sauvegarde de la maison commune suscite une génération de chrétiens engagés, comme il y a eu une génération Populorum progressio, pour l’assomptionniste Dominique Lang, l’un de ses pionniers2. La raison est simple, et elle n’est pas rassurante : comme en leur temps Mit brennender Sorge sur la montée des fascismes et Pacem in terris sur les armes nucléaires stratégiques, Laudato Si’ est une parole de l’Église sur le plus grand défi de notre temps : la crise écologique. On ne peut en effet penser la conversion écologique sans l’inscrire dans ce cadre : celui d’un péril imminent et majeur sur les conditions de vie de notre propre espèce, sur l’unique planète habitable connue, péril qui fait l’objet du consensus scientifique le plus solide.
I « Tout est lié », observent les scientifiques
L’écologie, en effet, ne saurait être réduite à quelque vague courant philosophique, phénomène de mode ou « idéologie de gauche ». Comme le rappelle le pape François au numéro 138 de son encyclique, l’écologie est avant tout la discipline scientifique qui étudie les relations des êtres vivants entre eux et avec leur milieu3. Sans prise en compte des lois qu’elle découvre autour de nous, dans les océans, les forêts, le sol sous nos pieds, et jusque dans notre propre organisme, nous ne pouvons appréhender les enjeux écologiques de notre siècle, encore moins nous positionner face à eux. Que nous enseigne donc cette branche des sciences de la vie ?
Si l’on cherchait à résumer en quelques phrases-clés les grandes lois du vivant observées par l’écologie scientifique, on aboutirait à peu près à ceci : les espèces vivantes, la nôtre incluse, ne sont pas libres de prospérer d’égale manière dans n’importe quel environnement, géologique, pédologique, climatique, ni aux côtés de n’importe quelles autres espèces ; elles nouent des relations d’une grande complexité, qu’on ne saurait réduire à la compétition ou à la prédation ; bien plus, la présence des unes conditionne fortement la survie de certaines autres. Au sein du vivant, tout est relation, tout forme système, et ce à toutes les échelles. Les exigences écologiques d’une espèce peuvent être très larges et souples (l’homme, le moustique) ou au contraire extraordinairement étroites. Chaque espèce est ainsi une façon bien particulière d’habiter ce monde, avec ses caractéristiques physiques et ses milliards d’autres habitants. On peut toucher du doigt l’incroyable spécialisation dont est capable le vivant par ce chiffre : neuf mille espèces de coléoptères sur un seul arbre en forêt équatoriale. C’est cela, la diversité du vivant, la biodiversité, sa complexité aussi. Sans atteindre de tels niveaux de profusion, il en est de même dans nos régions tempérées, où s’associent plantes et insectes, arbres et champignons, moules et saumons, sans oublier les bactéries. Le nombre d’espèces de ces dernières contenues dans un mètre carré de sol forestier se compte en millions. C’est dire à quel point nous partageons la terre avec un peuple immense, formant des écosystèmes emboîtés et imbriqués dans un enchevêtrement inouï, et à quel point sont vains les fantasmes de remplacer les espèces disparues par des OGM résistants au réchauffement. Bien que les fonctionnements globaux soient désormais bien cernés, de vastes pans de ces systèmes restent à découvrir, en particulier dans le sol, qui concentrerait plus de 20 % de toute la biodiversité. Sol qui pilote l’essentiel des grands cycles biogéochimiques, par lesquels les éléments nutritifs circulent d’espèces en espèces, permettant ainsi l’existence de la vie.
Tel est le monde que nous observons, celui que décrit la science, celui où nous a placés le Créateur : un monde dont l’habitabilité, pour toutes les espèces, à commencer par la nôtre, dépend de réseaux d’interactions aux milliards d’agents, tous différents. Ce sont eux, et eux seuls, qui rendent possible notre production agricole, le maintien d’une atmosphère respirable, sans parler d’innombrables autres productions (bois, plantes médicinales, ressources halieutiques…) L’ensemble des services écosystémiques – l’ensemble de ce que l’homme tire directement de l’existence de la vie sauvage – est évalué à peu ou prou l’équivalent du PIB planétaire. Au-delà des modalités de cette évaluation, ce que souligne la science avec ce constat, c’est la dépendance de l’espèce humaine à l’existence de cette vie sauvage, des écosystèmes sauvages dans un état décent de fonctionnement.
La production agricole est le lieu le plus évident de cette dépendance. Il n’est plus question, pour les agronomes, de voir le champ cultivé comme une sorte de support pour plantation de semences enrobées, lesquelles, grâce à un simple apport d’eau et de sels minéraux, produiraient un rendement mirifique, le tout protégé à coups de pesticides de l’intrusion de toute autre forme de vie. Les plus récentes découvertes révèlent un véritable Internet souterrain, où les réseaux filamenteux des champignons jouent un rôle central dans un système mêlant compétition, alliances, échanges et même transmission de messages4. La production agricole nécessite une vie active des bactéries du sol, de ses champignons, ses invertébrés en tous genres, assurant l’aération, la formation et la circulation des éléments nutritifs. À la surface entrent en scène les pollinisateurs. Des milliers d’espèces sont aujourd’hui mises à mal par des épandages de pesticides insuffisamment sélectifs. Autour d’elles, évoluent les insectes prédateurs, indispensables pour contrôler d’autres espèces, ravageurs des cultures ceux-là. Ces derniers prolifèrent d’autant plus aisément que nous mettons à leur disposition des milliers d’hectares où la table est garnie pour eux, et pour eux seuls. Éliminant les haies, les herbes folles en tous genres à coups de désherbant total5, nous poussons la complaisance jusqu’à liquider tout ce qui pourrait servir d’abri à leurs prédateurs (oiseaux et insectes chasseurs). Ainsi favorisés, les ravageurs multiplient leurs cycles reproducteurs, ce qui facilite l’apparition chez eux de résistance aux insecticides. Il ne reste plus qu’à en inventer d’autres plus foudroyants encore, qui auront aussi pour effet de porter le coup de grâce aux prédateurs tentant encore d’assurer un certain contrôle… et ainsi de suite. Sortir de cette spirale en détruisant tout une fois pour toutes n’est évidemment pas une option, ni réaliste, ni rentable. Refermons donc cet exemple pour en retenir l’essentiel : notre survie en tant qu’espèce, même moderne, est totalement subordonnée au respect du fonctionnement de systèmes vivants incroyablement complexes. Toute réflexion sur la question écologique contemporaine se doit de tenir compte de cet enseignement des sciences de la vie : un monde qui ne serait plus habitable par une biodiversité importante et fonctionnelle ne le serait pas par notre espèce.
Or, les scientifiques observent que c’est ce vers quoi nous nous dirigeons.
II Climat et crise d’extinction : la vie au pied du mur
La crise écologique, si l’on désigne par là l’ensemble des phénomènes d’origine anthropique qui compromettent les possibilités, pour l’homme et pour l’ensemble des espèces, de satisfaire leurs exigences écologiques (eau, air, ressources alimentaires, climat suffisamment tempéré sur la majeure partie du globe), est multiforme, et la lettre encyclique Laudato Si’ offre à cet égard un récapitulatif complet. Il est notable que le dérèglement climatique, malgré sa gravité, ne soit pas le premier point évoqué. Ce sont d’abord les pollutions, qui empoisonnent l’air et l’eau, qui sont mises en avant. Encore ne s’agit-il là que de problèmes que l’on peut régler, si l’on ose dire, un par un, par des voies purement techniques, et qui n’exigent pas, a priori, de changement de paradigme ou de nouveau modèle économique ou social.
Il n’en va pas de même des deux menaces désormais identifiées comme numéro un ex-aequo par les scientifiques et les organisations internationales : le dérèglement climatique et la perte de biodiversité.
Le dérèglement climatique entre depuis trois ans dans une phase d’emballement, redoutée par les climatologues, et dont les manifestations les plus spectaculaires sont les températures presque incroyables mesurées dans l’Arctique. Tout récemment, la découverte d’une source de méthane dans l’Océan glacial a confirmé une autre crainte : la libération massive de ce gaz à effet de serre par fonte du permafrost, et l’auto-accélération du phénomène. On pourrait multiplier les constats. Nous sommes sortis de l’ère des prédictions pour entrer dans celle de leur concrétisation. L’agriculture française est malmenée par une série de sécheresses qui en compromettent sérieusement la pérennité à court terme. Dans les pays du Sud, la situation est plus grave encore, d’autant que les sols sont souvent plus minces et plus fragiles : ce sont alors les précipitations violentes qui détruisent les terres agricoles par érosion. Les forêts malmenées par les nouvelles conditions pourraient manquer à leurs fonctions régulatrices. Les plantes, les peuplements d’insectes, la faune du sol ne sont pas en mesure d’absorber rapidement ces changements violents. Outre les crises agricoles, les températures et les catastrophes naturelles tendent à rendre inhabitables de vastes territoires aujourd’hui densément peuplés. Il ne suffit pas de « monter la clim » pour se protéger.
Or il existe un consensus scientifique très solide sur l’origine humaine de ce dérèglement, causé par nos émissions de gaz à effet de serre. Et à l’heure actuelle, comme le rappelle régulièrement Gaël Giraud s.j., notre modèle économique est ainsi fait que la croissance est intégralement carbonée : elle est d’abord conditionnée par la consommation croissante d’hydrocarbures6. Nous ne savons pas, pour l’heure, inventer une croissance qui ne soit pas aussi une croissance de dégagement de carbone, tout juste rogner à la marge sur l’augmentation de nos émissions. Voici donc le premier mur qui se dresse à l’horizon de l’humanité : changer de fond en comble les ressorts de notre richesse, ou cuire, bien avant d’avoir atteint l’horizon, encore lointain, de la prospérité pour tous.
Quant à la perte de biodiversité, elle est foudroyante. En nombre d’individus, la moitié des animaux sauvages ont disparu en quarante ans7. On retrouve un effondrement semblable chez des ensembles aussi éloignés que les oiseaux des champs en France et les poissons migrateurs au niveau mondial.8. De groupe faunique en groupe faunique, d’échelle locale au niveau planétaire, la similarité de ces chiffres est frappante. Elle manifeste l’existence d’un effondrement systémique : les mêmes pressions agissant partout, sur les espèces et leurs habitats, celles-ci déclinent de manière semblable, et s’entraînent mutuellement, la disparition des proies entraînant par exemple celle des prédateurs. La vie se retire, et les systèmes vivants essentiels à notre propre survie commencent à tomber en panne. L’introduction volontaire ou non d’espèces exogènes achève de déstabiliser des écosystèmes qui n’ont plus la résilience nécessaire pour « digérer » l’arrivée de l’intrus. Réciproquement, les réintroductions ou renforcements de population des espèces sauvages sont rarement possibles, car ce sont les conditions de vie même des espèces qui ont disparu.
Or, là encore, comme l’exprime un communiqué commun du CNRS et du Muséum national d’histoire naturelle de mars 20189, nous n’avons toujours pas réussi à ajuster nos systèmes de production aux capacités de la biosphère. Notre croissance ne se fait toujours que par destruction d’espaces naturels ou peu artificialisés, surexploitation des milieux (forêts coupées à blanc et replantées de manière ultra-homogène, et donc sans biodiversité10), infrastructures meurtrières, surfaces cultivées de manière hyperintensive sans haies, sans arbres… Et nous détruisons notre maison au-dessus de notre propre tête en croyant rationaliser nos productions.
Il est encore plus inquiétant de constater que vingt ans de travail technique des écologistes (ONG, scientifiques…), en agri-environnement, mesures compensatoires… n’ont pas réussi à concilier nos formes économiques et la survie de la biodiversité. « L’autoroute (ou l’aéroport) qui protège la nature » n’existe pas : c’est un retour d’expérience. C’est la seconde impasse, le second point par lequel notre forme actuelle de progrès nous menace d’autodestruction : notre façon d’exploiter le monde est en train d’épuiser ses capacités à faire croître nos productions, et de l’épuiser très vite.
L’état et le fonctionnement de notre planète observés par la science, les décennies de vaines tentatives « d’ajustement » aboutissent à cette implacable conclusion : nous devons trouver d’autres façons d’habiter la terre et d’en tirer notre subsistance, si nous voulons pouvoir encore le faire à l’échéance d’un petit siècle. Comme l’insensé qui vivrait éternellement à crédit, nous nous félicitons d’un niveau de vie que la planète ne peut offrir à tous, et pourrait bien, sous peu, ne plus être en mesure d’offrir à quiconque. De ce constat, et de ce constat seulement, naissent les récents appels à en rabattre sur ce prodigieux confort. Situation terrible, qui explique la virulence du déni, et les tentatives pour réduire ces données à un simple objet de croyance ou d’opinion. Hélas ! Le mur est là, et bien là. Le défi a cessé d’être seulement technique. Il ne peut plus être relevé sans changer de paradigme, comme l’observent aussi bien le pape François dans la lettre encyclique Laudato Si’ que les mieux documentés des écologistes. Qui dit changement de paradigme, dit changement d’outils mentaux, de vision du monde, en un mot : conversion.
III Église et écologie : les appels répétés des papes contemporains
Alors même que ces constats scientifiques sont dûment documentés, on peut encore entendre qu’en se préoccupant actuellement d’écologie, l’Église catholique fait une concession à la mode du temps. Pourtant, le souci environnemental fait partie des préoccupations des Papes depuis plus de trente ans. En cela, les souverains pontifes prennent acte de ce que les urgences environnementales prennent place au rang des questions sociales que les catholiques sont invités à prendre à bras le corps, puisque, selon Jean-Paul ii, « l’enseignement et la diffusion de la doctrine sociale font partie de la mission d’évangélisation de l’Église11 ». Dès 1988, alors que les premières alertes scientifiques concernant le climat et la biodiversité se font entendre, Jean-Paul ii reprend dans l’encyclique Sollicitudo rei socialis, qui célèbre le vingtième anniversaire de Populorum progressio, des acquis majeurs de la science écologique :
Le caractère moral du développement ne peut non plus faire abstraction du respect pour les êtres qui forment la nature visible et que les Grecs, faisant allusion justement à l’ordre qui la distingue, appelaient le « cosmos ». Ces réalités exigent elles aussi le respect, en vertu d’une triple considération sur laquelle il convient de réfléchir attentivement.
La première consiste dans l’utilité de prendre davantage conscience que l’on ne peut impunément faire usage des diverses catégories d’êtres, vivants ou inanimés – animaux, plantes, éléments naturels – comme on le veut, en fonction de ses propres besoins économiques. Il faut au contraire tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné, qui est le cosmos.
La deuxième considération se fonde, elle, sur la constatation, qui s’impose de plus en plus peut-on dire, du caractère limité des ressources naturelles, certaines d’entre elles n’étant pas renouvelables, comme on dit. Les utiliser comme si elles étaient inépuisables, avec une domination absolue, met sérieusement en danger leur disponibilité non seulement pour la génération présente mais surtout pour celles de l’avenir.
La troisième considération se rapporte directement aux conséquences qu’a un certain type de développement sur la qualité de la vie dans les zones industrialisées. Nous savons tous que l’industrialisation a toujours plus fréquemment pour effet, direct ou indirect, la contamination de l’environnement, avec de graves conséquences pour la santé de la population12.
Deux ans plus tard, le pape polonais consacre la journée mondiale pour la paix à l’urgence écologique. Le titre du message qu’il publie à l’occasion veut frapper les esprits : La paix avec Dieu créateur. La paix avec toute la création. Trente ans plus tard, le premier paragraphe de ce texte est hélas toujours d’actualité :
Face à la dégradation générale de l’environnement, l’humanité se rend compte désormais que l’on ne peut continuer à utiliser les biens de la terre comme par le passé. L’opinion publique et les responsables politiques en sont inquiets ; les savants dans les disciplines les plus diverses en étudient les causes. On assiste ainsi à la formation d’une conscience écologique qu’il ne faut pas freiner mais favoriser, en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient13.
Vingt ans après ce message, Benoît xvi revient sur une urgence toujours peu prise en compte, pour la journée mondiale de la paix 2010 :
Bien qu’évitant d’entrer dans des solutions techniques spécifiques, l’Église, « experte en humanité », s’empresse de rappeler avec force l’attention sur la relation entre le Créateur, l’être humain et la création. En 1990, Jean-Paul ii parlait de « crise écologique » et, en soulignant que celle-ci avait un caractère principalement éthique, il indiquait « la nécessité morale urgente d’une solidarité nouvelle ». Cet appel est encore plus pressant aujourd’hui, face aux manifestations croissantes d’une crise qu’il serait irresponsable de ne pas prendre sérieusement en considération. Comment demeurer indifférents face aux problématiques qui découlent de phénomènes tels que les changements climatiques, la désertification, la dégradation et la perte de productivité de vastes surfaces agricoles, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l’appauvrissement de la biodiversité, l’augmentation des phénomènes naturels extrêmes, le déboisement des zones équatoriales et tropicales ? Comment négliger le phénomène grandissant de ce qu’on appelle les « réfugiés de l’environnement » (…)14 ?
Quelques années auparavant, le successeur de Jean Paul ii avait accordé une place importante à l’environnement dans son encyclique sociale Caritas in veritate15. Le pape François ne rompt donc en aucune manière avec ses prédécesseurs en insistant sur l’aspect profondément chrétien du souci de l’environnement16. Comme les extraits précédents le montrent, ce souci s’appuie avant tout sur les constats lucides de l’état du monde, et de ses conséquences sur ceux pour qui le chrétien est appelé à manifester une « option préférentielle » : les plus pauvres. Ainsi l’Église manifeste-t-elle qu’être disciple du Christ aujourd’hui implique de relever le défi de la crise écologique et de combattre la dégradation de notre planète. Ces appels répétés trouvent leur synthèse dans la formule du pape François : « C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée17. » Toutefois, la parole écologique de l’Église ne se limite pas à un message d’alerte sur une crise propre à une époque. En nous rappelant le lien qui doit nous unir au Créateur et à l’ensemble de sa création, elle nous ouvre la voie vers la conversion dont nous avons évoqué la nécessité plus haut.
IV Des racines bibliques, patristiques et théologiques profondes
À la suite de Jean Paul ii et de Benoît xvi, François revivifie une tradition biblique, patristique et médiévale de souci de la Création. L’existence de cette tradition pour les chrétiens soucieux d’écologie est importante : elle signifie en effet qu’il n’y a pas besoin d’attendre des crises ou des effondrements écologiques pour se soucier d’établir ou de rétablir une relation importante entre l’homme et la Création18 dans laquelle il est placé, mais que l’équilibre et l’harmonie de cette relation sont, pour les chrétiens, au cœur du projet divin depuis toujours, dès la création initiale.
La diversité des espèces et le foisonnement de vie de la Création sont mentionnés à plusieurs reprises comme résultant de l’acte de création divin. Du livre de la Genèse, beaucoup de commentateurs ont retenu le verset auquel ils attribuent la responsabilité de la crise écologique : « remplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1,28). Cela suffit pour en déduire que les commandements divins sont à l’origine du saccage de la terre. L’idée a été rendue célèbre par Lynn White en 196719. L’historien américain postulait qu’en établissant la domination de l’homme sur les autres espèces, le texte biblique a conduit à ancrer dans les esprits chrétiens une indifférence envers la nature. Or les lignes qui précèdent le verset controversé témoignent de l’attention particulière du Seigneur envers chaque espèce qu’il a créée.
Dieu dit : « Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. » Et ce fut ainsi. La terre produisit l’herbe, la plante qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. Et Dieu vit que cela était bon. (…)
Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, bestiaux, bestioles et bêtes sauvages selon leur espèce. » Et ce fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce, et toutes les bestioles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon20.
Le récit de la Création est rythmé par l’expression « selon son espèce21 ». L’Écriture affirme ainsi que Dieu a créé chaque espèce vivante, animale et végétale, en particulier et pour elle-même, pour la distinguer des autres. Dieu n’a pas créé une nature indifférenciée dans laquelle seul l’homme se distinguerait des autres espèces : tous les éléments qui peuplent l’univers ont été distingués les uns des autres et le créateur de toutes choses leur a assigné à chacun une fonction particulière. Le deuxième récit de la création contenu dans la Genèse souligne lui aussi la distinction entre les espèces. Puisque l’homme est chargé de donner à chaque espèce son nom, c’est que chacune est à distinguer des autres.
Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun.
Après l’acte créateur, le septième jour, Dieu se repose. Le Seigneur cesse-t-il pour autant de créer après avoir vu que tout ce qu’il a fait était très bon ? La Bible nous montre un Dieu en relation continue et perpétuelle avec sa création. Après le sixième jour, il continue à agir en elle. Mais son agir dans la création est-il un acte créateur ? Depuis les années cinquante, un courant théologique relit la Bible et l’histoire de la tradition chrétienne pour articuler le discours religieux sur la création et le discours scientifique sur la nature et les mécanismes que l’écologie met peu à peu en évidence. De là est né le concept de « création continuée22 ». Cette vision de l’acte créateur divin implique que l’acte créateur de Dieu se fait à deux niveaux, à deux moments : un moment intemporel, celui dont procède le monde que nous voyons, et un moment historique, marqué par le foisonnement ininterrompu de la nouveauté.
La création continuée est une activité créatrice qui s’inscrit dans le temps. Mais elle n’implique pas que Dieu. L’inscription dans le temps de l’acte créateur divin n’est possible que grâce à une collaboration de la créature divine la plus aboutie, l’homme. Une telle lecture de la tradition judéo-chrétienne peut surprendre. Le théologien français Fabien Revol estime que de « nombreux passages » de la Bible « offrent une vision dynamique de la création et de l’activité créatrice23 ». À la suite du théologien américain W.R. Garr24, il affirme que le premier chapitre de la Genèse contient déjà cette idée d’une création non terminée. Pour W.R. Garr, ce qui n’est pas déclaré bon est un lieu d’incomplétude attendant un achèvement. C’est le cas de la séparation des eaux d’en haut et des eaux d’en bas, qui attendent le surgissement de nouveaux éléments. C’est aussi, de manière plus surprenante, le cas de la création de l’homme à l’image de Dieu. Garr n’y voit pas un donné mais un « appel à une réalisation25 » ultérieure. Ce qui est jugé « très bon » par Dieu à la fin du sixième jour de la création n’est alors pas la création de l’homme mais l’ensemble de la création, sans que cela implique un figement quelconque de cette création. Ainsi, quand Dieu confie à Adam le soin de nommer les animaux, il confie à l’être humain une mission particulière, celle d’être un co-créateur, capable de « continuer l’œuvre créatrice de Dieu dans un esprit de service26 ». Et, de fait, le livre d’Isaïe mentionne l’acte par lequel Dieu continue à créer de la nouveauté dans l’histoire humaine. S’adressant à la maison de Jacob, le Seigneur mentionne explicitement ce qu’il crée de nouveau à l’instant où il s’exprime.
Tu as entendu tout cela : regarde-le ; et tu ne l’annoncerais pas ? Maintenant, je te fais entendre des choses nouvelles, secrètes, inconnues de toi. C’est maintenant qu’elles sont créées et non depuis longtemps ; avant ce jour, tu ne les avais pas entendues ; ainsi tu ne pouvais pas dire : « Mais oui, je les connaissais ! ».
L’appréhension du processus de création divine comme un processus continu, toujours à l’œuvre dans l’histoire, nous fait changer de regard sur la mission de l’homme envers la création. Nous n’avons pas seulement à la conserver comme nous conserverions des reliques dans un musée mais nous sommes invités à travailler avec Dieu au projet par lequel il donne son souffle et sa vie au monde, sans perdre de vue qu’il est le principe créateur de toutes choses et que nous ne sommes que des collaborateurs de l’œuvre qu’il a voulue. En cela, nous sommes fidèles à l’alliance que Dieu a nouée avec Noé et toute la Création à la sortie de l’arche (cf. Gn 9,12-16).
De la très riche tradition patristique et médiévale27 qui commente, reprend et développe les versets et péricopes sur la Création, nous voudrions nous arrêter sur l’un des points les moins connus, qui se trouve chez saint Bonaventure de Bagnoregio (1221-1274), qui opéra la mise par écrit de la pensée de saint François d’Assise et la développa. Comme le Poverello, Bonaventure avait conscience que la création est une manifestation divine et faisait l’expérience de la contuition, c’est-à-dire de l’intuition reçue à travers les créatures d’un Créateur plus grand, qui donne à lire dans chaque être un signe, un mot du Verbe divin. Bonaventure nomme ces traces « vestiges ».
Par rapport à ce Premier principe tout-puissant28 (…), toutes les créatures sont comme une ombre, un écho et une image ; elles sont des vestiges, des symboles et des représentations qui nous sont offerts pour nous élever à la contuition de Dieu, en tant que signes divins ; ce sont, dis-je, des exemplaires ou plutôt des copies, à la portée de nos esprits encore grossiers et sensuels, et destinés à les faire passer de l’univers sensible, qu’ils voient, au monde intelligible, qu’ils ne voient pas, comme on passe du signe au signifié29.
Contrairement à l’accusation parfois portée contre la pensée franciscaine, celle-ci est à l’opposé du panthéisme. Dans ce système, la créature est un signe, un des signes du créateur – pas plus et pas moins –, un signe unique et différent des autres, et un élément d’un tout. Signe du Créateur, la créature est aussi un « vestige de la Trinité », c’est-à-dire de la relation d’amour entre les trois personnes constitutives de l’être divin. Pour Bonaventure, toute la création est un reflet de « la trinité créatrice », à des degrés divers : les créatures qui ne sont pas douées de raison sont des « vestiges » de la Trinité, les créatures intelligentes ou raisonnables seules en sont des « images », et les créatures déiformes sont à la « ressemblance de la Trinité30 ». Cela a des conséquences pour les chrétiens qui ont le souci de la création : toutes les créatures, même les plus infimes, même celles dont l’utilité ne nous est pas immédiatement apparente, portent en elles une trace du principe créateur et de la circulation d’amour incessante à l’œuvre dans la relation trinitaire. Cette idée inscrit tous les êtres, visibles et invisibles, dans le mode de déploiement divin qu’est la relation d’amour. Le monde constitue un livre, que nous devons au Verbe – tout comme l’autre Livre – dans lequel se déploie et est lisible la Trinité. Le concept de « vestiges de la Trinité » n’est pas anodin. Par celui-ci, Bonaventure exprime la raison d’être de toutes les créatures : elles existent pour porter chacune, selon leur espèce, une trace de Dieu dans la création. Ce n’est pas une notion propre au xiiie siècle : le pape François la reprend au paragraphe 84 de Laudato Si’.
Quand nous insistons pour dire que l’être humain est image de Dieu, cela ne doit pas nous porter à oublier que chaque créature a une fonction et qu’aucune n’est superflue. Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu31.
V Quand science et foi convergent : la conversion écologique
On mesure alors combien est grande, en tout temps, la responsabilité des hommes envers la Création que Dieu leur a confiée. Être soucieux de la Création, la gérer avec harmonie et discernement, utiliser ses ressources pour vivre, tout cela ne découle pas des effondrements écologiques de notre époque : c’est un devoir moral depuis le début des temps. L’écologie chrétienne n’est pas d’abord une réaction de temps de crise, elle doit être constitutive de la relation au monde des hommes. Les effondrements écologiques sont consécutifs aux déséquilibres infligés par l’homme aux écosystèmes et aux équilibres naturels dynamiques qui garantissent les conditions de vie sur Terre de l’espèce humaine. Il y a donc pour les chrétiens une double urgence à entrer dans une conversion écologique radicale : pour permettre la survie de l’humanité, et pour être fidèles au projet de Dieu pour le monde qu’il a créé.
Ainsi, le chrétien se trouve appelé à délaisser son attitude prédatrice, par laquelle il assoit son enrichissement sur la destruction, pour deux raisons fondamentales. Celles-ci sont convergentes et distinctes, car elles appartiennent à deux plans différents, qu’on ne saurait confondre sous peine de concordisme naïf. La science observe qu’en dédaignant de respecter les dynamiques et les fragilités du reste du vivant, nous avons construit un « développement » qui met en danger l’ensemble de la biosphère, y compris nous-mêmes. Ce simple constat doit conduire l’homme sensé à convertir dès à présent son regard sur le monde, à en appréhender les limites, les finitudes bien concrètes, et à penser une autre forme de progrès qui ne compromette pas l’avenir. Mais « la création » n’est pas qu’un concept vide et abstrait : cette biosphère en danger en fait pleinement partie, elle en est même le cœur. La marque du Créateur, la « caresse de Dieu » de Bonaventure s’observe ici et maintenant, dans tous les êtres que nous avons cités en début d’article, et dans cette prodigieuse capacité à produire du nouveau qui engendre ce que les scientifiques appellent évolution. Voici que les scientifiques nous appellent à respecter ces dynamiques du vivant, à construire notre avenir avec elles et non plus contre elles, de manière très concrète et pragmatique (agro-écologie, restauration des connexions écologiques et des milieux détruits, réduction de la ponction sur les ressources et de l’artificialisation des sols…).
Considérer la crise écologique comme relevant du châtiment divin (« Il armera la création pour réprimer ses ennemis », Sg 5,17) relèverait certes d’un conformisme de mauvais aloi. La parole de Dieu ne fixe pas la taille des bandes enherbées à recréer dans nos champs. En revanche, elle peut nous aider à entreprendre ce chantier avec un cœur renouvelé, tourné vers le respect du vivant plutôt que vers la course au profit qui nous a conduits au bord du gouffre. Ainsi, l’écologie cesse d’être un pesant lot de chartes et d’interdits plaqués sur le paradigme ancien pour devenir une brise nouvelle et vivifiante. Le danger de ne pas agir à temps est immense, mais la réussite nous apporterait bien plus qu’une simple solution technique à une crise biologique : un lien renoué, une humanité réinscrite au cœur du projet divin, la fin d’une guerre d’extermination qui n’a plus lieu d’être. C’est même aller plus loin qu’une approche écologique de sobriété, de décroissance – qu’importent les termes – qui ne serait qu’adaptation aux circonstances. Tout être vivant possède un rôle à lui dans la nature (dit la science) et une valeur propre aux yeux du Créateur (dit l’Écriture). Quelle formidable occasion de réconcilier l’ensemble !
Insupportable abaissement, crient certains, qui ne voient dans la démarche qu’une sorte de paganisme masqué, qui appellerait à nous faire vénérer le grand chêne et une soi-disant déesse Gaïa, en complète négation de la vocation propre de l’homme. Or, c’est de l’exact contraire qu’il s’agit. Contrairement à un poncif bien connu, les autres espèces sont tout à fait capables de s’autodétruire, faute d’avoir su limiter leur impact local. Cela s’est vu. Nous seuls avons la capacité de dire « stop » à temps, pour adopter d’autres voies : ce sera peut-être là le propre de l’homme. Cette découverte, brutale et dangereuse, des limites imposées à notre action, se montre aussi chemin d’humilité. S’il y a du paganisme dans l’affaire, n’est-il pas plus dans l’adoration de nos machines, de nos chevaux-vapeur, de notre puissance brute, en fin de compte, dans l’adoration de nous-mêmes ? Un « nous-mêmes », une vision de l’homme bien amputée d’ailleurs ; une vision unidimensionnelle, obsédée par le toujours plus. En nous rappelant les dépendances où nous nous trouvons, mais aussi notre formidable chance : celle d’en être conscients, et libres d’agir, l’écologie nous appelle à une conversion qui n’est ni mutilation, ni paganisme. Elle nous replace au contraire au cœur du jardin qui nous est confié, « rois pour servir » à la manière du Christ. Nous sommes à la fois ce « prodige, cet être étonnant » que Dieu a choisi pour s’incarner et ce mammifère primate apparu il y a un battement de paupières, à l’échelle des temps géologiques. Au sein des écosystèmes, nous n’occupons ni le sommet, ni le centre, car il n’y en a pas. La prise au sérieux de l’écologie nous amène ainsi à nous décentrer, à descendre du trône où nous nous sommes juchés, et rejeter nos faux dieux « connectés », au bénéfice d’une vision profondément théocentrée. Pareils au fils prodigue, nous avons largement usé de l’héritage confié par le Père. Le voici épuisé, et la famine rôde. Mais si nous revenons – si nous nous convertissons – c’est en fils, non en esclaves, que nous serons accueillis. L’avenir écologique n’a rien à voir avec une servile réinvention de quelque passé mythifié plus ou moins lointain. Notre créativité, notre liberté y seront tout autant stimulés, seulement tournés vers d’autres buts, par d’autres chemins. Le danger, bien sûr, c’est qu’il ne reste plus du tout de temps. Cette conversion doit être simultanément pensée, opérée, et traduite en actes. Au bout, il y a, certes non les temps annoncés par le prophète où l’enfant jouera sur le nid du cobra, mais au moins la fraternité universelle prêchée par François d’Assise et l’espoir d’une paix avec le seul petit coin d’Univers qui soit capable, à ce jour, de nous accueillir.
Notes de bas de page
1 Cf. F. Revol (dir.), La réception de l’encyclique Laudato Si’ dans la militance écologiste, Paris, Cerf, 2017.
2 Communication personnelle de D. Lang ; voir aussi D. Lang, Générations Laudato Si’, Paris, Bayard, 2020.
3 François, Lettre encyclique Laudato Si’ 138.
4 P. Wohlleben, La vie secrète des arbres, Paris, Les Arènes, 2017, ou encore F. Martin, Sous la forêt, Paris, HumenSciences, 2019.
5 Les larves des syrphes, petits diptères à l’apparence de guêpe, sont prédatrices de nombreux ravageurs des cultures, comme les pucerons. L’adulte, quant à lui, se nourrit de pollen, notamment de coquelicot. Sans une certaine présence de cette fleur et d’autres au sein des terroirs cultivés, pas de syrphes ; en revanche, les pucerons seront à la fête…
6 Cf. T. Caminel, P. Frémeaux, G. Giraud, A. Lalucq, P. Roman, Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage ?, Paris, Les petits matins, 2014.
7 Les écologues estiment que nous vivons une sixième extinction de masse, dont le rythme est cent à mille fois supérieur à celui des cinq précédentes. Cf., entre autres, G. Ceballos et al., « Accelerated modern human–induced species losses: Entering the sixth mass extinction », Science Advances 1/5 (2015), <https://advances.sciencemag.org/content/1/5/e140025> (consulté le 28 juil. 2020) ; J. De Vos, Jurriaan et al., « Estimating the normal background rate of species extinction », Conservation Biology 29/2 (2015), p. 452–462.
8 Entre autres exemples, en 2017, une étude a estimé l’effondrement des populations d’insectes en vingt-sept ans à plus de 75%. Cf. C.A. Hallmann et al., « More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas », PLOS ONE. Public Library of Science (PLoS) 12/10 (2017), <https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809> (consulté le 28 juil. 2020). La baisse de population des poissons migrateurs marins atteindrait les 76% en quarante-six ans. Cf. World Fish Migration Foundation, ZSL Institute of Zoology, IUCN, WWf et The Nature Conservancy, Living Planet Index. Technical Report, <https://worldfishmigrationfoundation.com/wp-content/uploads/2020/07/LPI_report_2020.pdf> (consulté le 28 juil. 2020).
9 CNRS et Muséum d’histoire naturelle, « Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes », Paris, 2018, <http://www.cnrs.fr/fr/le-printemps-2018-sannonce-silencieux-dans-les-campagnes-francaises> (consulté le 28 jui. 2020).
10 Bien que la surface boisée augmente régulièrement en Europe (elle atteint 31 % en France métropolitaine) les populations d’oiseaux forestiers communs sont tout juste stables, ce qui atteste de la faible qualité écologique de ces espaces boisés. Cf. <http://www.vigienature.fr/fr/observatoires/suivi-temporel-oiseaux-communs-stoc/resultats-3413> (consulté le 28 jui. 2020).
11 Jean-Paul ii, Lettre encyclique Sollicitudo rei socialis 41.
12 Ibid.
13 Jean-Paul ii, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création (1990), <http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/peace/documents/hf_jp-ii_mes_19891208_xxiii-world-day-for-peace.html> (consulté le 28 juil. 2020).
14 Benoît xvi, Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix Si tu veux construire la paix, protège la Création (2010), <http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/messages/peace/documents/hf_ben-xvi_mes_20091208_xliii-world-day-peace.html> (consulté le 28 juil. 2020).
15 Benoît xvi, Lettre encyclique Caritas in veritate, particulièrement « Chapitre IV. Développement des peuples, droits et devoirs, environnement » (2009), <http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/encyclicals/documents/hf_ben-xvi_enc_20090629_caritas-in-veritate.html> (consulté le 28 juil. 2020).
16 Pour de plus amples développements sur les interventions écologiques de Jean-Paul ii et de Benoît xvi, nous renvoyons à M. et J. Herrmann, « La doctrine sociale de l’Église, une source d’inspiration pour les écologistes », dans La vie oubliée, Paris, Première Partie, 2018, p. 113-131.
17 François, Lettre encyclique Laudato Si’ 2.
18 Que ce soit en contexte scientifique, écologiste ou chrétien, le terme « environnement » est susceptible d’induire en erreur. Il donne en effet l’impression que les systèmes naturels dont nous avons rappelé que l’homme est dépendant sont pour l’humanité des éléments de décor, et efface la conscience de cette dépendance. Pour cette raison, en contexte chrétien, nous préférons parler de rapport entre l’homme et la Création, afin d’insister sur l’interdépendance entre l’homme, les créatures non-humaines et les milieux naturels.
19 L. White, Les racines historiques de notre crise écologique, trad., notes et dossier bibliographiques par J. Grinevald, Genève, I.U.E.D., 1984.
20 Toutes les citations bibliques de cet article sont issues de La Bible. Traduction officielle liturgique. Paris, Mame – A.E.L.F., 2013.
21 En hébreu לְמִינֵ֔הוּ (lemînêhū).
22 Pour une synthèse francophone sur le concept de création continuée, son histoire et son actualité, voir F. Revol, Le temps de la création. Paris, Cerf, 2015.
23 F. Revol, Le temps de la création (cité n. 22), p. 203-237.
24 W.R. Garr, « God’s Creation : bara in the Priestly source », Harvard Theological Review 97 (2004), p. 83-90.
25 F. Revol, Le temps de la création (cité n. 22), p. 232.
26 Ibid., p. 233.
27 Pour plus de développements sur la Bible et la création, et ses prolongements patristiques et médiévaux, cf. M. et J. Herrmann, « Sur quoi s’appuyer ? La tradition judéo-chrétienne, de la Bible au Moyen-Âge », dans La vie oubliée, Paris, Première Partie, 2018, p. 95-111.
28 C’est-à-dire Dieu.
29 Bonaventure, Itinéraire de l’esprit vers Dieu, II, 12, trad. H. Duméry, Paris, Vrin, 1960, p. 57-59.
30 Bonaventure, Breviloquium, Partie 2. Le Monde créature de Dieu, 12, éd. T. Mourien, Paris, Éd. Franciscaines, 1967.
31 François, Laudato Si’ 84.