Par ses écrits, ses conférences, ses contacts internationaux,
Stephen Neill (1900-1984) est l'une des figures marquantes du monde
anglican du 20e siècle, notamment dans le domaine de la pensée et
de l'action missionnaires ainsi que des relations entre Églises. La
thèse ici publiée se limite cependant à la première moitié, la
moitié indienne de sa vie. Intellectuellement doué, esprit
brillant, ambitieux, mais de tempérament fragile et tourmenté,
dépressif, Neill connaîtra une existence marquée de contrastes et
de conflits. À 24 ans, couronné de prix à Cambridge, il renonce à
une carrière académique pour devenir missionnaire en Inde
méridionale. Un temps pasteur itinérant, bientôt chargé de
formation, il deviendra en 1939 évêque anglican de Tinnevelly
(Tirunelveli). Il connaîtra les tensions entre Européens et
Indiens, hindous et chrétiens, entre castes, entre sociétés
missionnaires. Capable de concevoir et de réaliser de grandes
choses, il se montre par ailleurs exigeant, obstiné et même
autoritaire, ce qui provoque de fréquents conflits. Il semble avoir
souffert de tendances compulsives à punir ses subordonnés, même
physiquement, ce qui, dans des circonstances obscures que l'enquête
de l'A. tente d'éclaircir, le contraindra à renoncer à sa charge
épiscopale et à rentrer en Grande-Bretagne. La seconde moitié de sa
vie prendra de tout autres orientations. Dans un premier chapitre,
l'A. expose les objectifs de sa recherche, précise ses sources et
justifie sa méthode. Par-delà l'étude d'une personnalité toute en
contrastes, l'ouvrage apporte des éclairages bienvenus sur
l'entreprise missionnaire (surtout anglicane) et l'histoire du
christianisme en Inde jusqu'à la veille de l'indépendance. Un
Appendice (256-287) reproduit les rapports annuels rédigés par
Neill de 1929 à 1939. - J. Scheuer