Dans la collection « Perspectives pastorales » où il a déjà signé plusieurs ouvrages, le prêtre valaisan François-Xavier Amherdt, notamment directeur-adjoint de la revue internationale Lumen Vitae, est aussi professeur de guitare classique. Il propose ici un chemin d’intériorité spirituelle et d’action pastorale pour que la musique accompagne les pas de l’évangélisation contemporaine. Il conçoit en effet « le domaine musical comme un réservoir de métaphores afin de tenter de dire l’indicible divin » (p. 12). La musique a donc une valeur prophétique (il s’agit de bien noter le jeu de mots : le prophète est « porte-voix » de Dieu !) et chaque agent pastoral devrait prendre les moyens d’en profiter.

Qui dit musique, dit nombres : 12 chapitres structurent « musicalement » l’ouvrage. Les titres en sont assez cryptiques. Les 3 premiers portent sur le mystère de Dieu (silence ; un et trine ; 7 dons et béatitudes). Les 3 suivants tournent autour de la réalité de l’homme (4 voix polyphoniques ; 5 lignes qui le portent ; les « 150 poèmes accompagnés d’instruments que sont les psaumes »). Viennent ensuite 3 chap. sur le dialogue entre Dieu et l’homme : (stéréophonie ; transcendance divine ; immanence de son Souffle). Les 3 derniers chap. ont une dimension ecclésiale, mais aussi symbolique et pastorale (esthétique ; catéchèse et action de grâce eucharistique ; shalom eschatologique avec « la chorale paradisiaque des saints et saintes »). L’enjeu n’est pas mineur : il s’agit tout simplement de relier « les liturgies terrestres et célestes » (p. 17).

Sans hésiter à puiser dans le fonds traditionnel de la musique religieuse et populaire en la conjuguant à la maestria de ses connaissances spirituelles et théologiques, l’A. assène sa conviction : la musique est en chacun et elle exprime la voix du cœur. Dans ce qui semble être un ensemble de réflexions un peu disparates se révèlent des pistes très concrètes pour la vie ecclésiale : pourquoi ne pas demander à un groupe de jeunes de composer un chant avec de nouvelles paroles sur une mélodie ancienne, par exemple ? Plusieurs pages concernent la pastorale liturgique proprement dite et offrent des conseils de bon sens et quelquefois « innovants », comme déplacer la liturgie pénitentielle à la fin de la liturgie de la Parole (normalement, on postule que l’écoute de la Parole demande un cœur apaisé et purifié) (p. 112s).

Un ouvrage qui donne envie d’entrer plus avant dans via pulchritudinis, et tout simplement de prendre sa guitare et de chanter à pleine voix la louange de Dieu ! — A. Ms.