Une première distinction s'impose: l'insertion d'un gène se fait soit dans une cellule somatique (l'effet cesse à la mort du patient), soit dans une cellule germinale (l'effet est transmis à la postérité); le problème éthique est considérablement plus aigu dans le deuxième que dans le premier cas. Une seconde distinction démultiplie la première: il peut s'agir soit d'une thérapie, soit d'un enhancement, intervention destinée à une amélioration physique ou mentale d'un sujet sain (une peau claire, un haut coefficient intellectuel…), ce qui, entre autres problèmes éthiques, soulève celui de la justice sociale.
Notons cependant que les améliorations suggérées qui, de toutes façons, seront difficilement réalisables, car une multitude de gènes sont concernés, ne sont pas toutes des services de luxe, si on y inclut le renforcement du système immunitaire, le ralentissement du vieillissement cellulaire, la prévention des maladies. Notons aussi que le souci de thérapie, qui paraît ici moralement inattaquable, peut présenter des ambiguïtés: une infirmité n'est pas nécessairement perçue comme telle par certains groupes marginalisés - les sourds, les aveugles, les nains -, qui la considèrent comme une simple différence, ou encore, la déviation d'une norme qui ne serait que culturelle. La «guérison» pourrait porter atteinte à l'identité personnelle dans ce cas. Un ouvrage clair, concis, recommandé. - P. Detienne, S.J.