Né en Poméranie dans une famille modeste de tradition luthérienne,
le jeune Gützlaff partit à 23 ans, comme associé d'une société
missionnaire néerlandaise, pour l'Indonésie, puis la Thaïlande.
C'est cependant le travail auprès des chinois qui l'attirait: il
entreprit bientôt des explorations le long des côtes interdites de
la Chine, de la Corée et du Japon. Une base à Hong Kong lui permit
ensuite de se lancer dans la concrétisation de son rêve: recruter
des prédicateurs indigènes et les envoyer dans toutes les régions
de la Chine. Doué d'appréciables connaissances linguistiques, il
contribua à la traduction chinoise de la Bible. Agissant en
indépendant, il plaidait la collaboration entre sociétés
missionnaires. Sa vision supra-nationale marquait ses projets en
Extrême-Orient autant que ses campagnes de soutien et de
financement en Occident. Beaucoup lui reprochèrent, outre une
gestion aventureuse, ses compromissions avec l'impérialisme
militaire et commercial britannique, en particulier lors de la
guerre de l'opium. D'autres voient en lui un précurseur d'une
Église missionnaire authentiquement chinoise.
Issu d'une journée d'étude à l'université d'Erfurt, cet ouvrage
entend enrichir la documentation disponible et contribuer à affiner
le jugement que l'on peut porter sur les conceptions et les
initiatives de cette personnalité controversée. Plusieurs
contributions examinent en particulier son rôle de médiateur entre
cultures. Le dernier tiers de l'ouvrage propose en anglais ou en
allemand un ensemble de 36 documents, pour une part traduits du
chinois, du japonais et du coréen. - J. Scheuer sj