«L'homme devant Dieu est toujours à la recherche d'une théodicée»,
écrit P. Magnard dans la préface, et il ajoute, visant l'A. de ce
livre: «La cause de Dieu réclame toujours des défenseurs». Comment,
en effet, composer la toute puissance divine avec la liberté
humaine? Comment penser la Providence de Dieu sans retirer à
l'homme l'initiative de ses actes? Professeur de philosophie, M.
Ferrandi s'efforce de répondre à ces questions à la lumière de la
doctrine de saint Thomas, sur le plan de l'ontologie de la
causalité et celui de la théologie de l'efficace des causes
secondes. Ces fondements métaphysiques sont, en effet,
indispensables à toute réflexion sur les rapports de la liberté et
de la grâce qui, comme tels, n'entrent pas dans le projet de l'A. À
l'horizon de sa recherche, il y a la fameuse thèse de
l'occasionnalisme dont la forme systématique fut défendue par
Malebranche. Poursuivant et radicalisant l'entreprise cartésienne,
Malebranche affirmait que les créatures n'agissent pas, que Dieu
seul agit. La critique qu'en a fait Leibniz fut gravement
insuffisante, autant que celle de Blondel dont le tort, pour l'A.,
est de n'avoir pas maintenu une claire distinction entre la nature
et la grâce.
Les blondéliens auront sans doute ici quelques graves objections à
opposer aux critiques de M.F. Mais celui-ci est disciple de saint
Thomas et il en donne une lecture ample et précise. L'idée centrale
en est que la cause seconde n'agit que mue par la Cause première.
Celle-ci est cause de ce que la vertu opérative de la cause seconde
soit appliquée à l'action. Mais évidemment Dieu seul peut appliquer
autre que soi à l'action, au sein même de sa substance, et de telle
sorte que l'action soit totalement de lui. C'est donc l'infinie
bonté de la Cause première qui donne sa signification dernière à
pareille métaphysique. Le Bien subsistant rayonne à travers chaque
être, il manifeste sa bonté dans les êtres du fait même qu'ils
sont, et cette bonté se diffuse en action. Ainsi la générosité de
l'être créé manifeste la générosité du Bien subsistant. - H.
Jacobs, S.J.