L’anti-manuel de prédication. Les 66 tactiques du diable pour faire échouer une homélie
François-Xavier Amherdt Guy LuisierLiturgia e pastorale - reviewer : Isabelle de la Garanderie
Une réécriture de l’inoubliable Tactique du diable de C.S. Lewis ? Tout est fait pour nous le laisser penser : couverture du livre, introd. qui serait écrite par le diable à ses diablotins et enfin les « tactiques » décrivant positivement les manières de faire subtilement et lamentablement échouer le prêche dominical en travaillant les points sensibles de la cuirasse. La comparaison est réussie car, comme dans l’ouvrage anglais, l’envers est ici l’endroit et, ainsi, le sourire devant tel défaut homilétique pousse à la réaction et devient salvateur.
Cependant, il s’agit aussi d’un diptyque avec La Joie de prêcher. Petit manuel de F.-X. Amherdt qui porte le numéro précédent dans la collection « Perspectives pastorales » : quand l’un proposait des pistes, l’autre indique les écueils dans lesquels ne pas tomber et, par-là même, trace en creux un chemin lumineux vers des homélies toujours plus réussies. Le livre s’organise en onze thématiques portant chacune sur le respect d’un domaine – du respect de Dieu à celui de l’assemblée, sans oublier celui des conditions matérielles car même l’effet Larsen n’est pas oublié – et comportant chacune six tactiques ou plutôt six chemins d’échec. Mais ces stratégies négatives ne demeurent pas seules : sur la page qui leur font face figurent aussi l’antidote et la thérapie. L’antidote reprend des éléments pour progresser inspirés de la Bible et de l’exhortation Evangelii gaudium du pape François tandis que la thérapie consiste en une simple citation sapide, tirée fréquemment de la liturgie des heures.
Ce livre ne s’adresse pas qu’aux prédicateurs et il ne vise pas non plus à faire de chaque chrétien un juge en homélies voulant les cataloguer selon leurs défauts. Bien au contraire, il rappelle que l’homélie est un exercice ardu mais qu’elle peut vraiment porter du fruit, si elle est éclat du « présent rendez-vous de la tendresse de Dieu » (p. 65). Plus largement, il convient aussi de le lire en n’oubliant pas que, si c’est vrai pour ceux qui ont en charge le sermon, c’est aussi valable pour chacun de nous ayant à faire de nos vies des références, des éclats, des homélies de Sa Parole. — I. Payen de La Garanderie o.v.