Dans cet essai d'anthropologie théologique, Emmanuel Durand tente
de fonder la singularité de l'être humain pris de vertige devant la
démesure du cosmos et de l'histoire. L'ouvrage s'ouvre sur une
description de la condition humaine qui passe rapidement en revue
plusieurs de ses traits distinctifs. L'A. se tourne ensuite vers
les Psaumes et les récits bibliques de création. Il en dégage
notamment une approche de la création comme « prédilection
universalisée » et une vision dynamique de l'être
humain appelé à cheminer de l'image vers la ressemblance.
Durand approfondit ensuite la spécificité de l'appel divin et les
modalités de la réponse humaine. Pour creuser le dynamisme du
premier, il recourt d'abord à Augustin dont il retient surtout
l'appel du Verbe à la conversion vers Dieu, un appel qui est inclus
dans l'acte créateur, qui retentit à nouveau dans la voix du Verbe
fait chair et qui est une instance permanente de la condition de
créature. Par la suite, il approfondit encore la spécificité de cet
appel en soulignant la finalité christique de la création, qui
donne à cette dernière une dimension pascale. Pour scruter les
modalités de la réponse humaine, il s'inspire de Jean-Louis
Chrétien lui permettant de distinguer une réponse primordiale, qui
coïncide avec l'existence même de la créature, une réponse
thématique, qui engage la liberté, et une réponse eschatologique et
« chorale », qui est le dévoilement de l'identité achevée de la
créature. Dans ce cadre, il approfondit encore le paradoxe de
l'autonomie créée, s'interroge sur la possibilité d'une théologie
de l'histoire et tente d'identifier quelques traits de la condition
anthropologique par-delà la discontinuité de la mort. -
J.-Y. Nollet